[SS] ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

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Aschlan
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[SS] ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

Message par Aschlan »

Les couloirs sans fin des sous sols de la corporation se déversent encore et encore formant un dédale mortifère, où chaque recoin recèle son lot de surprises. Seuls les initiés les plus habiles peuvent prétendre se déplacer relativement aisément dans ce labyrinthe infini et déjouer de ce fait les plus fourbes traquenards.

Gabriel arpentait ainsi sans conviction aucune ces sinistres lieux. D'un pas las; mais certain de son chemin, il avançait. Son esprit éternellement mélancolique vagabondait au grè de ses rêveries chimériques. Ses aspirations de liberté, de grands espaces restaient cependant immuablement les mêmes depuis sa tendre enfance, et il ne pouvait ainsi s'empêcher d'imaginer ce qui se déroulait "en haut ". Il se prenait parfois à songer.... se voyant savourer à nouve*u les doux rayons solaires réchauffant sa pe*u.... humant les doux parfums offerts par Dame Nature... profitant des joies les plus simples en somme... Des plaisirs certes naïfs, mais que trop éclipsent au profit de choses sans saveurs, sans couleurs, sans odeurs...

Il avait conscience que le combat qu'il menait ici dans l'ombre avec son clan, -qui accessoirement était mené par son père Jonas-, était capital, il était nécessaire que quelques personnes militent pour le bien de tous, mais la macabre routine, qui tendait à s'installer au fil des années qui filaient, devenait de plus en plus oppressante écrasante... Les horreurs succédaient aux horreurs, les morts aux morts... Il avait vu s'éteindre sous ses yeux impuissants un nombre bien trop important d'innocents, écrasés sous le poids de l'avarice de quelques "seigneurs" prêts à tout pour mettre la main sur d'éphémères ressources.

Pour exorciser les maux qui le torturaient, il marchait au travers les méandres sinueux des tunnels qui serpentaient les sous sols... avec pour seule et unique compagnie les souvenirs indélébiles des abjections passées... fruits de sa mémoire et malheureusement non de son imagination, ceux-ci le torturaient encore et encore.

Gabriel était donc un jeune homme tourmenté, déchiré entre la nécessité de ses combats -ou peut être même "ces" combats il ne savait plus lui même- et l'absurdité des seigneurs qui régnaient "en haut". Faut-t-il continuer de se battre contre ces monstres? Pourquoi ces Hommes font-il subir à des peuples entiers de tels supplices? Combattre le mal par le mal...est-ce réellement nécessaire? Son père n'avait répondu que trop vaguement à ses interrogations... Et le doute avait germé au sein de son esprit...

De Jonas, il ne possédait que le physique non moins attrayant. Si l'un n'avait point été bonifié par l'âge, il aurait été aisé de les confondre tel de vrais jume*ux. En effet, tout deux possédaient des cheveux châtains qui peignés au grè de leurs humeurs sublimaient leur visage au regard d'émeraude. Leur taille ni trop grande ni trop petite, s'harmonisait parfaitement avec leur musculature assez développée, et leur teint légèrement hâlé, malgré l'absence chronique de soleil, leur octroyaient un certain charme. Cependant, leur deux caractères étaient en totale opposition, l'un était une figure emblématique et héroïque de la résistance, droit, fier et charismatique tandis que l'autre était un mélancolique torturé aux humeurs parfois volcaniques.

Une heure ou deux, peut être même plus, passèrent, sans que rien d'inhabituel ne se produisit, lorsque tout à coup au détour d'une intersection, Gabriel entendit des gémissements qui vinrent ainsi briser le silence religieux qui régnait sans partage sur les catacombes. Par réflexe, il saisit brusquement sa dague d'argent et passa subrepticement sa tête afin de regarder d'où provenaient ces bruissements. Et là... qu'elle ne fût pas sa surprise! Une jeune fille dont il nota une certaine pâleur, était assise à même le sol et semblait pleurer. Il faisait trop sombre pour qu'il puisse apprécier ses traits, et il se refusa de l'approcher, préférant l'observer à distance respectable. Mais sa contemplation partielle fût vite interrompue, lorsqu'il sentit la présence proche de ses compagnons.

Il repartit donc en direction du campement, tout en ressassant l'image de cette jeune femme énigmatique...
"Les vertus se perdent dans l'intérêt, comme les fleuves dans la mer."

La Rochefoucault
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Aschlan
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Re: ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

Message par Aschlan »

Gabriel arriva au campement où une atmosphère plutôt sereine flottait. Chacun exécutait la tâche qui lui avait été assignée le matin même, cependant pas un mot, pas un éclat de rire, de joie ou de peine ne se faisait entendre. Le silence et la discrétion étaient les maîtres mots de ces guerriers de l'ombre. Les gestes et regards s'étant progressivement substitués à la parole, l'écho de leurs voix ne résonnait que rarement hors des cocons illusoires de leurs abris rudimentaires.

Ainsi va la vie dans les sous-sols de la Corporation, nulle place pour de quelconques futiles agréments, il faut s'armer de courage et surtout de la ténacité pour espérer ne pas sombrer dans un profond désarroi, face aux abominations qui rythment bien souvent les jours sans lumière des résistants ...

Le jeune homme encore ébouriffé par sa singulière rencontre, pénétra dans sa tente. Celle-ci était légèrement plus spacieuse que celles de ses compagnons. En effet, être le fils du chef, ne présentait pas uniquement des désagréments... Son refuge offrait ainsi deux pièces, d'un côté un coin de repos où se juxtaposait à son lit exigu, une étuve de cuivre dans laquelle il pouvait se rafraichir, et de l'autre un espace moins intimiste où trônaient timidement deux vieux sofas pourpres. Quelques bibelots d'une valeur certaine, étaient parsemés ici et là, tentant tant bien que mal d'agrémenter quelque peu, où tout du moins, adoucir l'austérité des lieux. Mais le plus remarquable objet restait sans nul doute possible, le majestueux lustre cristallin, relique ancestrale familiale, qui tel un ectoplasme éthéré ondulait voluptueusement sous la tente, diffusant de ce fait de doux rayons tamisés forts agréables.

Alors que Gabriel se dirigeait vers le récipient métallique afin de redonner un semblant de clarté à son visage, il entendit au dehors d'inhabituels chuchotements. Alerté par ces bruissements, il sortit donc de son antre. Et quelle ne fut pas sa surprise, elle se tenait là, au milieu de ses frères d'armes, celle qu'il avait surprise effondrée au détour d'un tunnel. Plusieurs sentiments semblaient s'entremêler dans son esprit.

Mon père lui faisait face, figé comme à son éternel habitude, dans une posture droite, sûr de lui. Il dévisagea longuement la nouvelle arrivante puis regarda dubitatif ceux qui l'avaient conduite jusqu'ici. Moi je me contentai de rester à l'écart de tous, ne pouvant m'empêcher d'admirer la be*uté énigmatique qui émanait de cette jeune femme. Une étrange sensation m'envahissait dès lors que je posais mon regard contemplatif sur sa personne. Jamais je n'avais ressenti pareille émotion déstabilisatrice... enivrante... Les semaines passèrent, et elle s'intégra relativement rapidement au sein de notre petite communauté, moi je préférais l'ombre, la solitude et malgré mon envie ardente de lui adresser la parole, je ne succombais point à cette tentation pourtant virulente.

Plus le temps passait et plus les missions auxquelles elle était affectée, se révélèrent épineuses, ce qui marquait la confiance grandissante de Jonas. Quant à Gabriel, il demeurait dans sa torpeur se refusant toujours à adresser la parole à la belle Claire.... jusqu'à ce fameux jour où tout bascula.

Alors qu'il errait encore dans les sinueux couloirs, un cri strident se fit entendre, non loin de l'endroit d'où il se trouvait. Il se précipita donc avec une agilité féline vers le lieu où se jouait ce qui allait se révéler être une sinistre scène.

Trois hommes masqués et armés retenaient la dernière recrue des Hommes de l'ombre en otage. Ils la sommaient de répondre à leurs questions. Pour se montrer le plus convaincants possible, ils avaient sorti le grand jeu. En effet, un couteau doré se baladait sur le visage de leur proie. Elle haletait et transpirait quelque peu mais refusait de coopérer.

"Plutôt mourir" sanglota-t-elle.

"Si tu y tiens..."ricana, le plus grand des trois hommes.

Ce dernier plongea alors sa main squelettique dans sa poche, en sortit un scalpel étincelant qui scintilla de façon ostentatoire dans la pénombre, puis il le porta à la gorge de la jeune femme. Et d'un geste preste et précis il incisa la froide lame dans la chair blanche de sa victime, un léger filet de sang suinta et....
Dernière modification par Namaj Vüenthal le 13 juil. 2008, 23:09, modifié 1 fois.
Raison : nickel
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La Rochefoucault
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Aschlan
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Re: ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

Message par Aschlan »

Tout en marchant, Gabriel lui susurra ces quelques mots:

"Je vais te faire découvrir mon havre de paix, mon refuge"

C'était la première fois qu'elle entendait le son de sa voix. Celle-ci paraissait être teintée d'une certaine mélancolie mais aussi, paradoxalement, possédait quelque chose de rassurant, chaleureux.
Ils arpentèrent donc, les couloirs exigus de ces sous-sols infinis jusqu'à cet énigmatique abris.

Une fois arrivé à celui-ci, c'est avec une infinie précaution, qu'il la déposa sur un magistral lit sculpté dans un marbre blanc. Toute tremblotante qu'elle était à cause de son contact plus que rapproché avec Gabriel, elle songeait. Contemplant ce lieu inconnu à ses yeux. Ce refuge caché, jalousement gardé et tenu sous le sceau du secret par le fils du Jonas...

... Creusé à même l'abrupte roche, ce sanctuaire recèle bien des mystères quant à sa genèse originelle. L'ambiance unique se dégageant vaporeusement des parois naturellement escarpées ajoutant du charme à cet éden Enferique -oui car ne perdons point de vue le lieu où se déroule notre épopée- . Un filet d'e*u timidement tiède, mais permanent, léchait sans pudicité le mur du fond, formant à son pied un bassin où l'on pouvait s'y octroyer un instant de détente. Des bougies qui semblaient être éternellement en début de vie, véhiculaient de douces odeurs de fruits ainsi qu'une frêle lumière orangée.

"C'est donc ici qu'il s'isole..." pensa-t-elle.

Nos deux héros s'observaient en silence, leurs cœurs palpitaient, leurs corps et leurs âmes se désiraient ardemment. Le jeune Homme ôta sa chemise -qui s'apparentait d'avantage à un haillon- dévoilant à Claire son torse nu. Ses muscles, ni trop ni trop peu développés firent frissonner la jeune femme. Elle détourna la tête tandis qu'il se débarrassait du reste de ses lambe*ux d'habits. Elle ferma ses yeux, ce qui étira malencontreusement l'entaille encore fraiche qui lui lacérait la joue. Elle grimaça. Lui, plongea dans l'e*u qui s'offrait à sa personne.

Quelques courts instants plus tard, Gabriel sortit de cette baignoire improbable et entoura sa taille d'un pagne qui était disposé non loin du bassin naturel. Il prit ensuite une petite serviette, l'humidifia et se dirigea vers Claire. Il hésita puis lui tamponna le visage, effaçant de ce fait, les marques laissées par ses assaillants. -En effet, cette e*u limpide possède des propriétés curatifs, régénératrices qui permettent la guérison des plaies légères.-

D'une main tremblante elle lui caressa ses cheveux, puis son visage. Le contact de leurs pe*ux revivifia leurs ardeurs. Tel deux aimants leurs bouches se rapprochèrent ostensiblement, le souffle de l'un se répercutant alors sur l'autre. Elle se mordit la lèvre inférieure et dans l'élan d'une pulsion non maitrisée l'embrassa fougueusement.

Je me laissai faire... elle m'avait envouté et ceci dès le premier jour où mon regard se posa sur sa be*uté sans pareille. Nos langues entamèrent alors un ballet acrobatique, fort agréable. L'envie l'un de l'autre croissait à mesure que nos corps s'apprivoisaient. Elle posa sa chaude main sur mon torse encore humide. Une onde de plaisir parcourut mon corps incandescent. Nous nous levâmes simultanément en nous enlaçant encore et encore. Baisers après baisers, étreintes après étreintes le désir doublé d'un plaisir intense s'amplifiait. Je ne pouvais désormais plus résister à l'appel charnel de son corps lui aussi en ébullition. Je cédai donc à mes instincts bestiaux, lui arrachant ce qui lui restait de robe, ce qui me fit découvrir un corps aussi parfait que ce que j'imaginais. Elle ne sourcilla point et au contraire me démontra en me titillant l'oreille droite avec ses cheveux, qu'elle aussi appréciait ce jeu d'adulte au quel nous commencions à jouer.

Les choses plus sérieuses débutèrent, lorsque ma langue partit à la découverte de ses formes si parfaites, explorant la moindre de ses courbes. Elle gémissait, sous les lacérations de mon arme à l'agilité féline. Je restais néanmoins l'esclave de mon imagination qui couplé à mes envies volcaniques donna vie à des choses interdites. Une plume, des draps en soie violine tout était prétexte à devenir un instrument de torture, pour nos êtres échauffés. Claire aussi esquissait de plus en plus des gestes novateurs, gagnant en assurance au détriment de sa timidité passée. Nos caresses devenaient de plus en plus jouissives, enivrantes. Et c'est ainsi, qu'au détour de l'une d'entre elle, qu'elle me dévêtit entièrement, attrapant délicatement avec sa bouche mon pagne....
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La Rochefoucault
Arcifière
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Re: ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

Message par Arcifière »

Devant cette scène des plus torrides , se cachait un homme de petite taille. Celui-ci, munit d'une cape se fondant sensiblement dans le décor érotique de l'environ, était ici depuis l'aube et s'était endormit alors qu'il travaillait sur la restauration d'une sculpture pour le fils Jonas. Lorsqu'il se réveilla et découvrit les deux êtres épanouie là, allongés sur le lit, il fut pris d'une malicieuse idée... Après avoir observé avec attention la femme nue, il s'équipa d'un pinceau et de peinture, puis d'un habile tracé il inscrit à l'entrée de la pièce :

"Attention"

Image

Et oui... Alors qu'il allait inscrire "entrée spectacle..." Il fut surpris par sa compagne et dû interrompre sa perversion...
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Aschlan
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Re: ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

Message par Aschlan »

Cœur fébrile, âme fougueuse ainsi était-elle… Sa be*uté vertigineuse envoûtait mon être. Bercé par la mysticité des lieux, je divaguais enlacé au sein de ses bras, tel un lionce*u apeuré, je me blottissais dans la chaleur de son corps voluptueux. Moment intemporel flirtant avec une félicité suprême, nous n’étions plus de ce sinistre monde, nos problèmes résonnaient comme de lointains songes aux esquisses fanées. Ivres d’un amour en floraison nous nous endormions, laissant vibrer nos enveloppes charnelles au tempo de nos souffles écourtés….
Une confiture de rêves ou une bride cauchemardesque m’éveilla subitement, m’emplissant alors d’un singulier sentiment étriqué. Je m’habillai prestement laissant ma douce aux griffes de son sommeil. Je l’admirai une sempiternelle fois, puis je disparus dans le dédale de couloirs….
A mesure que je me rapprochais du camp, cette sinueuse impression me rongeait davantage. Une odeur âcre semblait danser dans les airs…. Pas après pas, celle-ci se fit plus oppressante, plus présente jusqu’à en devenir incommodante, répulsive.
Mon estomac croulait sous les lacérations de spasmes chroniques… Je m’arrêtai béat, m’affaissant à genoux face au spectacle aux couleurs cataclysmiques qui s’offrait à mes yeux impuissants. Les effluves mortifères avaient atteint leur paroxysme et pour cause…. La mort régnait désormais en maîtresse sur ce qui fut mon clan. Le terme de « massacre » sonnait comme un doux euphémisme face à cette horreur sans dénomination possible. Les corps sans vie de mes compagnons jonchaient le sol abrupt du campement. Certains s’étaient vu allégés de leur tête, des ruisse*ux de sang filaient à partir de leur gorges. Un bras succédait à une jambe qui elle-même recouvrait un tronc. J’entendais des supplices qui comme une lugubre mélodie de fond parachevait ces immondices.

Je me relève, les larmes me viennent. Il fait chaud, très chaud. « Je suis en enfer, il ne peut en être autrement », me répétai-je inlassablement. Mon chemin de croix débute à cet instant, j’avance tête baissée, mon regard fuit les cadavres encore fumant, certains même semblent convulser sous le bruit sourd de mes pas. Les flammes lèchent toutes nos structures emportant avec elles mes années passées ici. « Qu’est-il donc arrivé ? » « Pourquoi? Éveilles-toi! Ce n‘est qu‘un mauvais rêve! »Pensai-je. Mais la vérité dans toute sa cruelle splendeur écrase mes futiles réflexions. Je m’enfonce d’avantage dans cette forêt cendrée et à me rapproche à foulées de lion de ma tente dévastée, j’y pénètre et constate que tout y est dévasté, retourné, les ride*ux encore tendus sont consumés par le brasier environnant, d’ailleurs la structure métallique parait souffrir, les armatures crient sous la température montante. Savez-vous ce qui me vient à l’esprit à ce moment précis? De la haine et de la colère, je ne comprends pas ce qui m’arrive et la rage éclipse peu à peu mon désarroi et ma peine. Elle s’amplifie en moi, je la sens brûler mes entrailles, ma respiration s’accélère, mes poings se ferment, je hurle pour exhorter cette furie croissante mais rien ne semble apaiser ma frénésie. N’avez-vous jamais ressenti pareille sensation? C’est enivrant et effrayant à la fois…. Je ne peux plus tenir en place, cette pulsion me gouverne entièrement, je suis comme spectateur de mon propre corps qui agit de façon primitive. J’attrape la cuve de cuivre devenue brûlante et dans un excès de déchaînement, l’envoi contre le lustre cristallin ancestral. Celui-ci explose littéralement, je ne me protège pas le visage. A quoi bon? A cet instant je me fous de tout! Des éclats viennent me lacérer les joues, les bras, le torse… Je saigne mais feins de ne pas sentir la douleur. Une fois la relique familiale à terre, je la fixe longuement et aperçois quelque chose qui s’apparente à une épée au milieu des débris. Je la saisie admirant le remarquable travail qui avait été effectué sur l’objet, « elle est d’une légèreté inhumaine et sculptée dans un matérie*u m’étant inconnu. » songeai-je à ce moment. J’entends au dehors des bruissements. Armée du glaive, je sors de mon ancien chez-moi et tourne ma tête en direction de l’endroit d’où ces murmures semblent provenir. Un homme, que je ne connais pas -Ou plutôt que je ne reconnais pas-, collecte sur mes défunts frères et sœurs d’armes, des bijoux. C’est alors que sans sommation aucune je m’élance vers lui et sans autre forme de procès, que mon intime conviction et mon envie de vengeance, je lui assigne un premier coup découpant -à ma grande surprise aisément- son bras gauche. Mon courroux ne connaît plus de limite et ce n’est plus un brasier qui incendie mon âme mais un ouragan enférique dans toute sa splendeur. L’homme hurle, mes tympans ne veulent entendre ses supplications. Un deuxième coup part, son autre bras tombe, des torrents sanguinolent sont projetés des orifices engendrés par mes découpes chirurgicales.

Le summum de ma haine allait être atteint dans les secondes qui venaient. En effet, lorsque mes yeux se posèrent sur feu la main du jugé responsable de ce qui était arrivé à mon clan, et qu’ils virent le collier de ma mère ainsi que celui de mon père, je ne pus contenir d’avantage mes pulsions et m’acharnai sur cet être qui paraissait si frêle. Je tailladai, son dos nu et son cou mais lui restait immuable, me tournant le dos. Dans un dernier élan de colère et accompagné d’un hurlement salvateur je lui tranchai la tête. Le déchirement provoqua un craquement et un geyser de sang fut propulsé hors de lui. Une sensation de soulagement m’envahit alors…. La tête de mon condamné tomba puis roula jusqu’à mes pieds tel un ballon, elle était figée dans une expression d’incompréhension des larmes de sang suintant de son regard, un regard que je connaissais que trop…. Je venais d’assassiner mon père…
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La Rochefoucault
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Aetherya
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Re: ll n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve.

Message par Aetherya »

Une poignée de jours plus tard…

Docilité de circonstance rongeant pas après pas les danses les plus vertigineuses. Des cris comme des murmures, des gestes tels des souffles, des vies qui s’envolent faisant fi des défis des Figures établies. Des ombres malignes aux délicieuses couleurs sombres me couvrent de leur voile de nuit. Dans cette obscurité je m’évanouis, soudain un écho lointain presque imperceptible me tire de mes songes dénués de temps. Des effluves de miasmes m’arrachent à ma dangereuse rêverie. Je suis là sans y être. Caressant mes cheveux ébouriffés, je me lève! Douce torture, ma tête claque…Je me souviens. Des images filent, valsant sans tempo dans mon esprit. Je tremble. Seul ou presque dans ma prison de verre. J’ai mal. Mes haillons s’accordent à mes pensées déambulantes. Je voudrais m’évaporer, voler tel l’éther vers mes chimères, loin de ces barres de fer, loin d’ici bas, loin de tout. Une fraîche brise me fredonne de douces sonorités. Mes blessures suintent. Je me retourne. Horreur. Ma douce étendue me fixe, ses yeux verts ternes ont perdu leur éclat d’antan. Elle se meurt, son visage de lys traduisant son désir de liberté. Je ressens un profond émoi, me remémore cette scène ultime, où d’un tranchant elle m’avait frappée. Mon estomac s’en noue encore. Comment avait-elle pu révéler la position de notre clan? Moi qui l’avais aimé d’un amour sans frontière. Comment avait-elle pu me trahir. Ces questions jalouseront à jamais des réponses dont je ne connaîtrai jamais la profondeur, car déjà la faucheuse arrive et lui tend une main glacée, son frêle cœur s’accélère. Un spasme la lacère. Mes paupières se ferment. Et c’est dans cette intimité à demi ton, que la vie lui est arrachée.

Quant à moi j’ai l’éternité des prisons de la Corporation pour songer à la dissolution d’un rêve, balayé trop vite par des motivations et des passions qui me dépassaient et me dépassent encore. L’amour rend aveugle, cette phrase prend aujourd’hui une autre dimension.

Je peux ainsi affirmer sans détours, sans regrets, sans hâte et à cœur ouvert, que nul amour ne peut être à l’ombre d’un grand rêve…
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