Incompréhension

Le sénat galactique accueille toutes formes de débats politiques qui s'adressent à une importante partie des états de la galaxie. Il est situé dans le cœur du siège et comprend plus de cent salles.

Modérateur : Modérateurs

Avatar de l’utilisateur
Ayàt
Messages : 13
Inscription : 23 sept. 2008, 11:04

Re: Incompréhension

Message par Ayàt »

Alors que Vendetta quittait la salle, ce n'est autre qu'Ayàt qui entra. Les deux femmes se croisèrent. La cybor-touari, n'arborant qu'un pagne cachant ses formes les plus secrètes et un peu de métal couvrant la moitié de son visage, esquissa un léger hochement de tête et un discret :
_ Alors ma jolie, tu ne restes pas !

Sans regarder la réaction de sa camarade de jeu, la belle descendit les marches, elle salua de la main quelques amphictyons présents et s'arrêta devant Aphraël. Elle s'agenouilla pour se mettre à la hauteur de l'enfant et lui susurra :
_ Bonjour belle enfant, tu as la chance de repousser le temps, tu n'as rien à faire parmi les adultes, ou pourtant si, tu as tant à faire, mais je vais te demander un service (elle lui tendit une petite feuille de papier avec quelques coordonnées), quitte cette salle remplie de tous les maux des adultes et apporte cela à Adamon.

Après avoir tendrement embrassé le front de cette âme pure, Ayàt descendit jusqu'à l'estrade qui empestait encore le parfum de la dernière rhéteuse. Elle regarda l'assemblée et commença à parler :

_ Bonjour. Peu me connaisse ici ! Je vais donc me présenter. Je suis Ayàt, meneuse de la tribu Imajaghan des dunes d'Ackel. Je suis également la coordinatrice martiale des amphictyons.
Vous parlez de beaucoup de choses ici, de tout et de n'importe quoi, surtout de n'importe quoi pour certains. Mes micros sont enfin réparés, merci à Basch fon Ronsenburg du Balamb et j'ai tout entendu grâce à mes camarades.

Donc, vous parliez tout d'abord, je récapitule pour certains qui se sont un peu assoupi et qui devrait se réveiller, nous parlions donc de Hatshupo, ici présent, dirigeant du jeune état se nommant Ennies Lobby. Cet état ne fait pas partie du gang des lapins farceurs, je l'annonce officiellement, il fait parti des amphictyons. Sans vous faire de moral, je demanderais aux plus puissants de se montrer clément envers les états en voie de développement, Ennies Lobby en fait parti. Ensuite, je demanderai aux responsable Galléens de venir m'expliquer deux ou trois petites choses. Comment se fait-il qu'un de vos membres se permettent de détruire mes blocus, et ce, pour attaquer des états faibles ? Si notre Pacte de non-agression ne vaut rien à vos yeux, il va rapidement être coupé.

Ayàt tourna son regard vers Etxebarrieta, assis dans l'assemblée, et lui fit un signe de tête. Elle reprit de suite tout en ayant l'air de chercher quelqu'un et quelque chose vers le haut de la salle :

Vous l'aurez compris, Galléens, je parle ici de Vendetta, peut-être encore présente parmi nous, et de Hatshupo. Vendetta, si tu es là, ose sortir de cette alliance qui te sers de refuge et je t'offrirai encore de joyeux feux d'artifice avec de belles gerbes rouges. Vendetta, si tu es là, regarde-moi, cesse de faire l'aveugle, je suis une femme ! Ne sais-tu pas reconnaître le sexe d'un humain ? Combien de fois devrais-je te le répéter.

Ayàt, en ayant vu Vendetta il y a si peu, était persuadée que cette guerrière était aussi observatrice que bonne combattante ; persuadée qu'elle se trompait encore sur ce que dissimulait ce pagne.

Galléens, cessez de suite vos actes de barbarie envers Hatshupo et ce qu'il représente. D'ailleurs, ce remboursement, qu'attendez-vous ? Ah, je sais, une autorisation, elle est où la dresseuse...

Ayàt chercha du regard un lapin avec un lion, elle crut reconnaître ce qu'elle cherchait.


Pandora, tu es Grande Conseillère, peux-tu approuver cet échange au nom de la Commission de contrôle ? Et, je t'en prie, ne dis pas à mon diplomate que tu souhaites lui arracher la langue, je suis sûre que tu ne peux pas imaginer telle souffrance, nous te pardonnons et merci pour tes lots d'espace en compensation.

Bien, je ne vois rien d'autre à ajouter pour le moment, je vais donc me prélasser dans ces beaux fauteuils en attendant que vos égaux pas assez flattés, vous, l'élite de la civilisation, daignent bien venir me répondre à moi, pauvre touareg louant la diversité culturelle.

Ayàt quitta son pupitre pour (beh, vous le savez ou vous ne savez pas lire !)
Fais de ta plainte un chant d'amour pour ne plus savoir que tu souffres.
Lord Faust
Messages : 419
Inscription : 26 avr. 2008, 14:48

Re: Incompréhension

Message par Lord Faust »

Héhéhé. Je n'avais que cette maxime, ce juron, cette droite et immuable spirale à la bouche. Ce sourire carnassier, les lèvres gercées par une quelconque chute de température trop importante sur les terres de Galactica. Une salle, un publique, et pour une fois, quelques dirigeants assez affutés pour ramener leurs troupes. Ici, ni de magie ni de mages, de simples hommes et femmes, sur leurs deux jambes cramponnées comme si le a vie en dépendant. Mais de quoi était faite leur vie pour qu'elles tremblent ainsi ? De peur ? De mensonge ? Bien pire, d'inconscience. Regarder par delà le Voile était quelque chose de strictement absurde et de tout autant interdit. Par la nature, par ses lois. Par l'homme. Et par nos lois.

Ce n'était pas aujourd'hui encore que notre monde allait changer. Mais le devait-il faire vraiment ?

Qu'importe mon nom, qu'importe mon voyage, qu'importe mes frasques, les vôtres sont dignes d'intérêt, parce que jamais ô grand non jamais, aucun oeil ne porte sur vous les amusements d'un Dieu quelconque. Aussi beau et aussi flasque soit-il, vos lèvres ne s'entrouvrent que pour vomir quelques immondices aux couleurs plus ou moins attirantes.

Les toiser du regard, c'était aisé. Mais eux, comment me dévisageaient-ils ? Moi et mes grandes jambes bronzées, mon mignon petit sourire ancrée dans leurs yeux comme les cuisses écartées d'un catin que ses messieurs côtoient chaque jour. Je n'étais rien de plus, qu'un fantasme que les hommes s'adonnent à rêver dans leurs plus grands moments de couardise.

De temps à autre, Iyoglide descend les marches funestes de ses terres plaquées d'or, et monte celles que vos mots et vos morts s'amusent à entasser. Pourquoi ? Comment ? Rien ne peut répondre à ces questions. Moi-même, Iyoglide, fille d'une corporation dont le nom ne vous dira rien de plus que la vanité que vous vous exercez à reproduire, comme de vulgaires petits technocrates qui auraient bien appris leur leçon. Je n'ai rien absolument rien contre vos méthodes, simplement apprenez à y mettre le ton. Car à l'oral comme à la dictée, qu'importe la difficulté, si votre voix comme votre plume ne peut déteindre votre personnalité, vous n'êtes que des incompétents. Ou alors vous n'en avez aucune, d'âme en vous qui vous fait plus homme que femme, homme que bête, sévère que juste, fier que misérable.

Et ici qu'importe qui soit misérable, qu'importe qui crie juste ou qui cri fort. Il suffirait de parler.


Mes deux jambes s'enlaçaient, au bon plaisir des yeux. Les dames pouvaient rougir, je ne leur piquerais pas leur amant, ni leur mari. Les hommes peuvent jouir autant qu''ils veulent, je n'irais pas commérer devant leur fenêtre avec quelle délectation ils s'adonnent à regarder toujours un peu plus haut sous ma jupe. Les tigresses basanées ont toujours su attirer le regard là où il fallait. Et que vous bandiez ou non, je ne puis m'empêcher de me rendre satisfaite du plaisir que j'offre.

Oui, vous êtes des technocrates. Des mercenaires que l'éloquence à envoyé pour des tâches sombres. Qu'importe le sujet, ici il n'est question que de vous et de vos idioties. Il en est un qui est plus misérable que les autres, celui par qui tout commença. Celui par qui tout se raffut pénétra les enceintes de mes murs et de ma tempe. N'est-il rien dans ce monde que vous ne puissiez contrôler ? N'existe-t-il pas autre chose que la seule parole avide de pouvoir que vous prêchez ? Si, il est cette arme que vous tenez à la main et qui d'un geste malsain mais rationnellement humain vous permettra d'ôter la vie aussi bien que je vous coupe la parole. Je n'ai ouïe dire d'aucun méfaits, d'une alliance qui porte le nom d'un gueux, à celle qui s'applique à détruire malgré toute sa prestence, la réconciliation parmi les hommes.

Mon sourire joyeux et amusé ne pouvait pas faire peur. Ils savent aussi bien qui je suis et d'où je viens que je connais leur nom. C'est à dire uniquement seulement le néant. Ils n'étaient que des pions sans espoirs aucun qui se levaient et qui, en guise de feu, ricochaient chacun sur une planche de mots alignés les uns derrière les autres.

Que celui qui parle de rédemption, que celui qui assume ses recommandations s'assoient et nous comprendrons les rapports de force dans cette salle. Celui qui propose est faible. Dans ce monde, je croyais que depuis toutes ces années vous l'aviez compris, n'est guère celui qui donne le choix. Il est celui qui impose. Que les faibles meurent, il en a toujours été ainsi. Et je ne veux entendre parler ni d'excuses ni de protections. Gardez vos ressources pour la guerre, car batailles il y aura. Vous en doutiez ?

Vous allez répondre que non. Vous allez vous dire conscience que dans ce monde comme dans les autres il existera ce sempiternel sentiment de violence, cette volonté non pas de voler au voisin ce dont il nous manque, mais de le détruire, jusqu'à ce qu'aucune cellules des plantes de son jardin ne respira. Et ne vivent. Vous assumez aussi bien que je m'assume femme vos penchants pour l'armement, vous déclarez aussi vite que vous dirigez vos troupes.. Mais dans ce monde de brute, je ne connais qu'une seule chose que l'homme puisse dégainer aussi vite qu'un discours. Et sachez mesdames que bien plus souvent que l'on ne le croit, l'homme est faible devant sa nécessité de s'accoupler. Oui, sa main tremble autant que son engin, et en cela il est faible.


Parler vulgaire, donner à leur tous la glaire, et le glaive à leur main pour achever. Dans ces contrées lointaines je n'avais pas ni à réfléchir ni à analyser. Le monde n'est-il pas ce que nous avions tous voulu qu'il soit ?

Non, vous ne doutez pas que chaque jours vos hommes meurent, que chaque soir, une femme et ses enfants reçoivent cette lettre au doux nom de deuil et de fierté de la nation. Vous nous doutez pas de votre honneur au combat, vous ne doutez pas de votre main lorsque vous la tendez dans l'espace et que vous découpez des parcelles de terrains vides de sens. Vous avez le monde à sa base, et vous vous le partagez. Ni vous ni moi ne remettons en cause cette situation. La guerre est ce que la femme ne peut pas vous rendre, lorsque vous ne savez pas faire l'amour.
Alors si vous ne doutez de rien dans ce bas silence, pourquoi n'ai-je pas entendu vos ordres pleurer pour l'assassiner ? Pourquoi n'êtes-vous pas déjà dans vos citadelles flottantes pour raser l'infamie qui demande réparation ? Sot qu'il est, il demande quelque chose que l'ordre naturel de l'homme ne peut lui donner qu'après corruption et malfaisances.

Le Bérichamp sonne toujours juste, lui, mais malheuresement il reste d'une voix trop forte. On ne changera donc jamais une équipe qui gagne ? Qu'importe. Quant à vous, dont j'ai déjà tiré le portrait, vous dont le seul nom ici, et vos seules paroles feraient honte à l'ordre des choses vous vous contredisez. Guernica. Alliance dont le sale nom retrouvé d'un verset mal maîtrisé écorcherait ma langue. Vous promettez mais vous n'êtes capable apparemment que de trahir. Qu'importe, je ne suis ni juge ni objective, mais devant votre studieuse ignominie, je ne me plierais vers aucun de vous. D'ailleurs, vous ne demandez rien de moi. Juste que je me taise.

Et que je vous baise.


Oui, les mots étaient là. Je m'amusais avec comme je pouvais jouir de la manipulation d'un homme. S'ils ont froid ? Tant mieux ? S'ils sont glacés par leur neutralité et leur dédain absolu et rébarbatif, alors j'aurais gagné. Si jamais mes paroles ne les choquent, si jamais ils ne se sentent outrés, alors ils sont vraiment ce que j'aurais toujours imaginé.

Vous êtes des beaux-parleurs, mais de maigres penseurs. Vous croyez tout savoir de ce monde et de ses vices ? Pourtant promettre une telle chose à un si petit pion que joue de votre pitié mais qui demain n'aura aucun scrupule à vous poignardez, vous et tous les autres, y compris ceux qui comme moi ne découvrent ces terres depuis que la lune vient de se poser. Quelques heures, un jour, tout au plus. Non, répandez le sang, tuez-les dès qu'ils apparaissent pour qu'ils soient tous morts-nés. Dans les cendres de leur œuf vous trouverez le plus grands des trésors : la vérité. Car comment sonne un discours qui derrière ne se verra qu'une magnifique archive dont nos enfants pourront contempler les restes ?
Avatar de l’utilisateur
flamme
Messages : 1256
Inscription : 23 févr. 2008, 15:11

Re: Incompréhension

Message par flamme »

...
Dernière modification par flamme le 08 févr. 2009, 14:50, modifié 1 fois.
Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son

J'ai un autocollant "Soulis 4ever" sur ma voiture depuis 1897 !
Avatar de l’utilisateur
Dox
Messages : 1660
Inscription : 26 sept. 2008, 05:42

Re: Incompréhension

Message par Dox »

Il était blanc, un blanc si pâle que même la lumière ne se reflétait sur son épiderme insipide. Ses lèvres violacées montaient jusque ses yeux par un nid de larmes creusé outre ses fossettes masculines. Et sans la moindre émotion aucune, il frappait machinalement ses talons plats sur le marbre ensanglanté de la Corporation. Les lambe*ux ténébreux de sa bure indigo déchirée... Il semait derrière lui l'étendue inconsidérée d'une aura sans égale.

D'une orbe souple et raffinée, il bâtit les deux portes, s'ouvrant devant lui à la volée, mais se refermant avec délicatesse et souplesse. Il n'avançait pas tête baissée vers l'estrade... Il ne saluait personne. A première vue et quel grand étonnement, il ne venait pour discourir. Ses désirs étaient be*ucoup plus sobres et sains. Mais cela le démangeait. Sa mémoire aiguisée, en aparté avec sa réflexion... Lui remémorant les houleuses langues venimeuses et leurs propos ébranlés.

Il aurait aimé... un à un leur répondre...
Ouvrir les yeux de ceux qui se pensent inventeurs... En leur expliquant qu'il n'y a point, même Dieu, qui ait un jour composé de sa main autre chose que l'amendé d'un souvenir. Leur souffler... Qu'ainsi ne sont nobles que ceux qui savent accorder la légitimation à ces souvenirs. Ainsi ne sont véritables que les trouvailles qui sortent de la terre. Ainsi ne sont vraies que les idées qui naissent des esprits... Esprits naissant eux-même d'un amalgame plus désagrégé que concis, de théories plus absurdes les unes que les autres. Celles de nos ancêtres. En vérité, le présent n'est au passé, que ce que le passé a volé à l'antan. Et le futur n'a d'innovant, que l'apartheid de certaines idées ; qui par la paraphrase et l'hyperboloïde ne font qu'illustrer les exploits d'hier. Car il faut s'y faire, toutes les idées naissent de problématiques. Inutile de se vanter d'être génial, si l'on ne sait ce que c'est que le génie. Aberrant d'accuser les autres d'autisme, alors que l'on a pour soit que son avis propre. Il faut savoir qu'un véritable piédestal est offert par ses pères et non ses frères.
Apprendre aux jeunes entreprenants, qui se pensent savants... En leur exposant, sarcastique, les méthodes ingénieuses avec lesquelles il avait lui, su amasser assez de force pour menacer trois de ses ennemis. Alors certes, ses usurpateurs délireux n'avaient su pratiquer loyalement... Mais les notions de duel et d'honneur dont ils se vantent sont aux antipodes de leurs méthodes... Et dire que des nations entières sont assez crédules pour baigner dans ces discours despotiques.

Mais il ne prendrait part à un débat où leurs illustres participants se contentaient de déguerpir. Il se contenterait de distribuer ses fleurs, et de rentrer avec les siens.

" Pour vous, Luos " Sa voix était restée intacte. Cassée, grave et éthérée jusqu'au coeur. Légèrement doublée par un on ne sait quoi de fantastiquement suraigüe. Ses doigts toujours aussi fins et sa magie aussi lourde. L'apparition de cette rose le lien direct entre le sain voile et sa paume ; l'inouïe pouvoir de la sphère de mort ; avait hérissé plus d'un million de colonnes vertébrales... Mais pas la sienne. La seule chose que cette apparition signifiait aux yeux des connaisseurs, c'était le retour du Guide.

Dans les doigts du jeune régent, la fleur se disloqua en un milliers de scintillement ocres. Tel un hologramme ils dessinèrent ceci :

** N'écoutez les bassesses de vos adversaires. Dessinez vos rêves avec une plume. Dorée ou bien fourchée... Peu importe la richesse dont vous jouissez... Ce sont vos rêves que vous y lirez.
Sachez qu'aux yeux de tous, jamais vous n'aurez lu ceci... Et que dans votre futur, je serai probablement celui qui vous rabaissera le plus lâchement. Excusez-moi d'avance.**
Telle un fin panne*u, ces métaphores insondables avaient défilé verticalement. On sentait les traits souples de sa calligraphie mesquine, on disait son expression méprisante au travers de la ponctuation appuyée... Mais on notait aisément le sourire de son visage dans la finesse de traits hâtés. Il plongea son regard dans celui du lecteur étonné... D'avoir été le seul à pouvoir admiré cet exploit.

" Pour vous, Slotan. " Une fois encore, la terre vibra. Et cette fois-ci, ce ne fut un hologramme, mais une pensée. Une lecture inscrite dans son passé qu'il n'avait pourtant jamais pratiquée. Et le texte qu'il se remémorait disait : vous êtes dans le juste Amphyctions. Et je respecte vos nurses. Sachez qu'en effet, les lapins n'ont que faire de ce que l'on pense d'eux. Mais considérer ceux qui nous considèrent, est une politesse inflexible à laquelle nous nous soumettons volontiers. C'était une réponse à sa missive : l'Aube.

Enfin, ses pas cessèrent. Et le silence menaçant qu'il avait infligé à cette salle enhardie se solda par des mots plus lourds. Appuyés plus forts. Et accompagné d'une once d'amour... De l'amour à la consonance indéfectible, éternelle.

" Lapins, nous n'avons rien à faire là. D'autres affaires toquent à nos portes. Il serait bon d'être tous réunis dans l'Alcove d'ici quelques heures.
Lever les Brumes de nos desseins de si bonne heure n'aura d'impact que sur nos propres et légitimes estimes. Inutile de nous bruler les ailes avec des chimères éphémères, alors que nos rêves sont divins. Gardez-vous pour le crépuscule... Nous ne sommes encore qu'à l'Orée de notre ère. "


L'individu se retourna. Sa robe de Grand Conseiller au symbole brûlé balaya la salle. Lui ôtant cette lourde et épaisse tension. Pour enfin la libérer... Puis éventuellement la vider. Car la question originelle avait trouvé réponse semble-t-il. Il chassa son veston, et d'un geste habile rouvrit les portes... Que de magie ; trop de magie.

Il est dit qu'ici... La magie est proscrite, interdite... Scellée et impossible. Mais il est des gens qui surplombent les règles ; alors qu'ils n'en sont les créateurs. Ces gens outrepassent la magie de Galactica et n'ont d'égale que leur voisin de l'autre monde. Ces gens ne sont pas l'élite d'une galaxie appauvrie par la volonté de leurs précurseurs. Non. Ils sont autrement plus étranges et mystiques que les archimages. Ils sont les gardiens des dix éléments. Le Bois, l'E*u, le Feu, le Métal, la Terre, la Ruse, la Force, l'Esprit, la Vie et la Mort. Et Théran Azhar, après avoir goûté la Mort auprès de Terluan, décida de conserver la troisième. Il est le Gardien Spirituel.
Ouzine Lullazhar, Président élu des Euliadoux.

Khyrhyle, Magister des Naïadimes
Hidaï Lévi, Ingénieur en Chef Saharidiste.
Fondateur des Columna Creationis et éternel membre de la Pléiade.
Avatar de l’utilisateur
Adamon
Messages : 10
Inscription : 02 nov. 2008, 17:48

Re: Incompréhension

Message par Adamon »

Ohhhh, toi et tes grands mots ! Tu peux pas parler simplement comme tout le monde ? Tu tournes tes phrases comme… Comme… Zut, la seule image qui me vient c’est des spaghettis autour d’une fourchette… Bref, t’es trop compliqué… Y’a des enfants ici, n’oublie pas !

La petite pointe d’ironie accompagné de l’éternel sourire de la fillette firent légèrement se contracter les zygomatiques de son interlocuteur.

Bon, si tu insistes, je vais retourner chez moi… Adamon sera plus apte que moi pour discuter des implications politiques de notre état dans l’alliance. Moi, je vais retourner jouer avec mes peluches, elles sont plus intéressantes que ces gens… Elles au moins, elles préfèrent se taire plutôt que dire bêtise sur bêtise. Je me demande…

Elle prit un air pensif, la main droite sous le menton, la gauche sur la hanche, la tête légèrement relevée et les yeux plissés regardant le plafond.

Oui, ca pourrait être amusant…

Et elle se mit à rire. Tout en continuant d’émettre ses petits gloussements, elle croisa les jambes pour se retrouver comme en position assise, mais tout en restant à quelques distances du sol, sans tomber par terre. Elle flottait de nouve*u dans les airs. Soudain, elle claqua des doigts et disparu, tout simplement, son rire semblant résonner pendant encore quelques minutes après son départ.
Image Image
Croupe cobalte
Lord Faust
Messages : 419
Inscription : 26 avr. 2008, 14:48

Re: Incompréhension

Message par Lord Faust »

Quelques jours plus tard. Une centaine d'heure, tout au plus, et toujours les discours d'hommes et de femmes gravés dans la tête. C'était fou comment les hommes pouvaient jouer aussi bien de leur langue, dans une bucalité remplie de talent, et que leurs mains se souillent si facilement. Oui, quelques dires, et le lendemain l'esprit vogue dans le contraire de la chose. Les âmes lourds quittaient la salle, les pas lents entamaient leur marche. Longue et sourde démarche...

J'appelle les hypocrites, j'appelle les faux, les menteurs et les sanglants prometteurs ! J'appelle ceux qui hier remboursaient mais qui aujourd'hui détruisent. J'appelle tout ceux qui s'y retrouvent et qui sont fiers de ne jamais tenir parole. J'appelle tous ceux qui assument la faiblesse de leur propos face à l'impact de leurs armes.

J'appelle... Athéna, du doux Olympe et ceux qui la suivent, et qui l'aiment.


Iyoglide se tenait droite. En fait, elle se fichait bien qui viendrait, ou ne viendrait pas. Elle regardait fixement le grand écran dont elle était la seule actrice et elle trouvait ça stimulant. Pas même de micro, juste une image qui déformait quelques peu ses formes.

J'ai suivi j'ai écouté, je n'ai pas râlé, et je fus la première à prôner l'envoie de ces flottes sur quiconque aura la place de recevoir ses adversaires. Notre monde est un immense terrain de jeu sur lequel je m'amuse. Et en ce moment, je jouis de pouvoir vous démasquer, comme de vulgaire souriceaux qui fuient devant le gros matou !

Allez y mes frères, prenez vos armes, prenez votre arme, et tuez les hommes, violez mes sœurs et répandez leur sang des les ruelles de vos capitales ! Nos peuples boiront avec une mine solennelle la vie des vaincus, celle que vous aurez ôté sans le moindre caprice !

Il y a dans chacun de nos yeux cette passion pour les armes, et je me fiche de savoir vers où se dirigent vos flottes tant qu'elles atteignent destination et que dans leur passage elles prennent tout. L'or, la vie, la mort. Tout. Je les admire, ceux qui n'ont aucuen pitié, ceux qui ne tremblent pas devant moi, et devant les autres qui naissent chaque jour et qui dès leur arrivée perdent tout. Oui, l'échec, mort-né, c'est si stimulant. Je vous admire, Athéna, vous et vos larbins. Vous êtes fiers dans notre galaxie. Vous trônez comme des grand-maîtres, vous vous amusez, et c'est tout le plaisir que je puisse vous souhaiter.

Cependant pour les prochaines fois vous apprendrez que langue mal pendue sera coupée. Et que la prochaine fois que vous direz des ignominies, je m'approcherais de vous, je passerais ma main le long de votre cou, nos seins se rencontreront, nos hanches également, vous sentirez le corps chaud d'une femme contre vous. Et nos lèvres se mêleront, comme d'un élan commun. Oui, vous ne résisterez pas. Et lorsque votre langue sortira de votre bouche, lorsque nos deux corps ne feront plus qu'un, alors je l'arracherais, avec mes propres dents. Je regarderais le sang coulé de votre corps, comme une abondante fontaine d'une nouvelle jouvence.

Et je sourirais, de mes lèvres carnassières rougeoyantes de votre sang, de votre subit mutisme. Et enfin peut-être, pourrez-vous piller sans avoir à fourber vos dires, à profaner, à lancer des mots que vous ne pouvez maîtriser...


Elle laissa le silence aggraver ses propos, rendre la provocation un peu plus lourde qu'elle ne l'était déjà. C'était un art qu'elle aimait bien triturer. Celui du silence. Celui de l'éloquence tout autant, bien qu'il était bien plus agréable de mettre un homme dans son lit que de siéger ici. Combien devra-t-elle en assouvir une fois revenue en terre galacticaine ?

Il y a trois jours, trois nuits, pas même un s'il vous plait, pas même un merci. Le premier m'importe peu, le second est important. Il y a trois soleils, je vis deux chasseurs de l'Olympe trouer mes terres et enfreindre un bouclier que je n'ai pas. Un bouton rouge qui clignote, tient, mes systèmes informatiques sont hackés. Combien m'avez-vous pris, Dame Athéna ? Fort peu il me semble, d'ailleurs je ne m'en souviens plus, et en fait, cela m'importe peu. J'aurais pu voir autant de bâtiments que vous avez de chasseurs dans vos hangars tomber au sol, le constat aurait été le même. Sur ma feuille de route, je peux encore compter le nombre de lune passé sur cet univers. A vrai dire quatre, peut-être cinq, sûrement trois, ou même six. Bref, bien assez de doigts pour cela...

Je fus heureuse de constater que vous avez plus d'informaticiens que je puis en posséder. Rassurer pour vous, Dame Athéna, car lorsque vous n'aurez plus de langue, vous aurez au moins quelque chose d'autre pour vous faire jouir.

Quatre jours, et si la mort m'emporte je n'en ferais rien. Mais la mort n'est pas hypocrite, Dame d'Olympe. La mort n'annonce pas sa bénédiction et son remboursement à un faux-frère de naissance quelques jours plus tôt, jouant sur les mots comme l'avancée de sa crédibilité, pour finalement se mordre sa propre langue. Non, la mort frappe et elle en est heureuse. Elle ne conditionne ni ne soigne jamais, elle prend. Stoppez vos jérémiades, ce ne sont que des mensonges qui sortent de votre bouche bientôt vide.

Je n'ai qu'un seul enseignement à retenir de tout cela. Non pas que vous attaquiez des états faibles, cela m'importe peu et je vous encourage à le faire. Non, vous n'avez pas de parole, Dame Sans Langue, vous n'avez que mensonge, et si aujourd'hui vous me promettez de me remboursez - et vous seriez capable de le faire - demain vous irez récupérez vos bien sur un autre nouveau-né. Alors, Dame d'Ignorance, pillez, mais taisez-vous...


Elle se mit droite, hautaine, la même poitrine bombée en avant. Elle était belle, elle était fraîche, elle était jeune et fantasmatique. La peau brune sur son corps, ses yeux verts pour seul prémisse d'une joie indescriptible et bien masculine. Elle lui tira la langue.

Ne vous inquiétez pas, j'en prendrais grand soin...

Un sourire. Moqueur.
Avatar de l’utilisateur
Athéna
Messages : 3
Inscription : 11 nov. 2008, 14:23

Re: Incompréhension

Message par Athéna »

Quelques claquements d'orteils résonnèrent sur le sol pavé du long couloir des salles de réunion.
Une missive était parvenue à Athéna lui indiquant qu’une jolie jeune femme, apparemment très portée sur les rapports sexuels de nature sado-masochiste, l’attendait depuis quelques jours dans la salle des lamentations : celle de l’incompréhension.

Nul effet magique ou autre illusion transcendante, elle poussa la porte d’un geste rapide , replaça rapidement sa main sous sa longue tunique blanche et vint s’asseoir sur une chaise près de la table.

J’ai bien entendu votre appel chère et exquise Exquise. Comment vous dire …. Cet univers est tout empli d’états qui ne demandent qu’à être visités, gras ou maigres, piquants ou accueillants comme une douce couette chaude …

Un large sourire illumina son visage.

Regardez les avec leurs maigres bras méphitiques et vaporeux tendus vers le ciel, implorant un peu de justice en ce bas monde … Regardez leurs yeux suppliants, leur âme fragile qui ne demande qu’à être sauvée.
J’étais comme cela il y a quelques temps….
Mais il y a en ce bas monde une énorme majorité de vermines croupissantes et putréfiées qui font leur guerre comme bon leur semble, qui parlent haut et fort, qui disent suivre morale et équité alors qu’ils ne font qu’emplir nos âmes de haine et de colère.
Vous me citez, pourquoi pas…. Vous me placez parmi ceux-ci, je m’en lasse d’avance... Tant de paroles vaines. Il est bien simple d’accuser une personne ou ses proches d’ignominies concupiscentes … Regardez un peu autour de vous et ouvrez les yeux sur la réalité. Puisque vous me souhaitez muette, arrêtez d’être aveugle. Je vous ai pillé, pauvre petite chose, c’est vrai que ce n’est guère monnaie courante ici … Il est si facile de montrer du doigt et de dénoncer à la plèbe un acte que tout citoyen de cet univers damné répète sans cesse et sans aucun remord ….


Elle avait parlé de ce ton détaché, identique à celui d'un mourant voyant déjà l'autre monde, comme si la réalité l’avait déjà consumée. Les yeux dans le vague, secs et sans aucun remord.

Nous vivons dans un monde de guerre où la cruauté envahit notre esprit chaque matin sanglant de lourdes pertes, et où la gloire emplit notre cœur de force lors de victoires rayonnantes.
J’ai longtemps voulu prôner la justice … Mais la guerre a, semble-t-il, vaincu ma raison …
J’ai voulu m’isoler de toutes ces frasques sanglantes, de ces ignobles carnages qui nous font ronger les cadavres afin de rassasier notre besoin inassouvi de richesses et de ressources.
J’ai vomi chaque soir ces maux impénétrables et écrasants de conscience meurtrière qui assaillent l’esprit et dévorent l’âme lorsque trop de morts envahissent les souvenirs.


Large soupir.

Je me suis isolée pour gouverner mon peuple, pour régir mon état et le faire croire en des jours meilleurs. J’ai délaissé mon glaive et c’est l’un des bras les mieux armés de mon royaume qui l’a repris en main : l’orgueilleux et féroce Arès, si facétieux et imprévisible, c’est bien lui qui mène aujourd’hui mes armées.

Car si la justice pouvait autrefois régir mon esprit et mes actes, et si l’excuse imprégnait mes mots lors de fautes discutables. C’est bien la Guerre, qui de son bras armé et vengeur risque aujourd’hui de mener cette terre divine qu’est l’Olympe à de sombres desseins. Préparez vos boucliers et soyez plus fine dans vos productions de ressources, chère Exquise. Vous parlez si bien et si clairement, essayez de combler vos points faibles par votre intelligence. Je vous pensais plus aguerrie que cela….


Elle se mit debout, pensant en avoir fini. Puis se retourna, fixant cette si belle Exquise dans le plus profond de ses yeux.

Et si vous souhaitez que nos corps s’enlacent, j’attends votre visite avec impatience … J’accepte bien volontiers votre insolence et serais fort déçue que vous n’ayez tergiversé.

Elle sourit, se dirigea vers la porte.

Et ne criez pas trop vite victoire de votre langue bien pendue : même si vos paroles semblent être aussi transparentes et coupantes que du verre, ce sont les actes que l’histoire retiendra.
Image
Lord Faust
Messages : 419
Inscription : 26 avr. 2008, 14:48

Re: Incompréhension

Message par Lord Faust »

La douce personne, au teint nappé d'essence naturelle et de sens non peu humain haussa les sourcils. Elle, elle avait changée ? Etait-elle vraiment ce qu'elle prétendait être ? Iyoglide se fichait bien du nom de son général. Il périrait, comme tous les autres...

Aveuglé par des mots, Athéna, Dame d'Un Autre Monde. Aveuglé par votre prose amusan...

Une main lourde se posa sur son épaule. Si chaude, il avait toujours aimé la toucher. Caresser sa peau nue, dessiner ses courbes de sa main de maître. De sa main d'homme, combien de fois avait-il posé ses attentions sur la jeune femme ? Ses yeux d'un brun profond annonçait une relève bien méritée. Insensible, la poigne si ferme, elle avait toujours trouvé son plaisir dans son coeur. Tous pensaient qu'il eut été en fer, il était en or. Un or bien lourd, bien froid, un or qu'aucun meuble ne pourrait orner. Il était grand, d'une jeunesse tout aussi nerveuse qu'Iyoglide. C'était un beau spécimen, un véritable corps sculpté d'une main habile. Pourtant ni ses lèvres ne se plissaient, ni ses yeux ne tremblaient.

Amusante, et amusée, Dame Athéna.

Il posa son regard sur sa chère et tendre. Corps d'un soir, bien sûr. Ils étaient les mêmes, le sexe opposé certes. Il n'y avait dans leur âme, que l'amour certain de la guerre et de l'éloquence. La tigresse à la peau basanée recula d'un pas. Comme attirée. Non, elle n'avait aucun regret.

Je suis ravi de faire votre connaissance, Olympienne. Dans mes terres, je suis seul Prince, seul maître à vrai dire. D'un levé de doigt, j'ordonne. De l'autre, j'exécute. Et je ne m'en vante guère. Tel est le doux pouvoir d'un dirigeant. Je respecte, ils agissent. Mais je respecte...

Je me répète, que vous ne me preniez pas pour un homme de fausse conviction. Non, je ne suis pas un monstre, Madame.


Il parlait avec une habilité toute particulière. Un calme tranquille, serein, sûr. Il n'était ni hautain, ni provocateur. A vrai dire. Il était lui-même. Pourtant sa langue froide, comme s'il redoutait plus que tout qu'une femme ne la lui arrache pendant son sommeil. Il ne bronchait pas. Il faisait signe de son éloquence, avec brio, simplicité, et certitude.

Je me présente à vous, comme représentant favori et officiel de l'Emyst, Elzar Narhim. Vous avez côtoyer ici, Iyoglide. Une aide précieuse n'est-ce pas ? Je ne saurais dire comment je vivrais encore sans elle. Vous avez vu la chance de lui parler, Dame Athéna. Elle n'aime guère s'adonner à un public qui ne lui est pas aguerrie. Ce n'est nullement de la timidité, vous vous en doutiez bien, et...

Il s'avança d'un pas.

Et vous en avez fait les frais.

Il s'assit sur un confortable siège de coton. Et prit un air détendu.

Rappelons les faits. Sans cette langue qui fourche trop dans sa bouche. Et dans la votre. Il y a trois jours nous avons reçu vos troupes. Vous avez intégré le système informatique de notre Etat, et vous avez vidé le peu de Crédit qui nous restait. A vrai dire peu de chose. Et c'est en ce sens que j'aimerais que vous compreniez notre situation, très chère. Nous ne sommes pas effrayé par votre venue, ni par celles qui vous précédent, et qui nous succèdent, et nous succèderont encore. Non, aucunement, croyez-le bien. Elle est joueuse, Iyoglide. Je suis droit, je respecte les règles de notre grand jeu. Bien réel cependant.

Vous êtes... En droit. En droit de venir chez moi. De prendre tout ce que bon vous semble. Pourquoi ? Beaucoup ici ne saisirait pas ce choix. Simplement parce que vous êtes plus fortes, vous, vos généraux, vos troupes. Tout nous domine par rapport à vous. Il en va de même pour les autres. A moi, de trouver le moyen pour réduire le plus possible mes pertes. Alors soyons clair, Dame Athéna. Je ne vous reproche pas cela. D'abord parce que je connais les règles, je l'ai déjà dit. Ensuite parce que je le veuille ou non, cela changerait-il quelque chose ?


Il racla doucement de la gorge. Derrière, Iyoglide pouffa de rire, et se raviva, esquissant un léger sourire.

Cela ne ferait rien. Je suis bien au courant. Mais vous faites bien de nous rappeler, à moi, mais surtout à tous ces autres dirigeants incompétents qui ne comprennent pas qu'ils pourront user de leur salive autant qu'ils le voudront ; ils seront toujours faibles. Et vous forte. Ils pourront jouir de formule qu'un bas citoyen ne serait pas à même de connaitre même, qu'importe ? Ils seront toujours vulnérable. Jusqu'au jour où ils seront plus puissants. Et les cartes changeront.

Il trouva un verre sur la petite table juste devant lui. Il continuait de se plier sous la jeune dirigeante qui était en face de lui et qui l'écoutait, premier respect des grands hommes.

Moi-même, un jour, j'irais lancer mes hommes sur des états, faibles ou non, jeunes ou non. Cela ne change rien. Un jour on évite, l'autre on subit le double.

Cependant...


Il avala doucement une petite gorgée du sirop rosé qui glaçait le verre. Iyoglide regardait le spectacle. Avec quelle éloquence son Prince se mettait aux pieds de l'adversaire. Avec quel tact il acceptait les mesures prises contre lui. Ce n'était nullement de la lâcheté. Simplement de la pédagogie... Un rictus songeur s'installa sur les lèvres du grand homme. Puis il sourit, faiblement.

Cependant, Dame Athéna, comprenez-nous. Il y a trois jours vous annonciez ici de rembourser quelqu'un. Faible sûrement. Puisqu'il portait réclamation. A la place que vous avez et dont je n'ai pas, qu'aurais-je fait ? La logique m'aurait commander de refuser. Bien sûr. Ce sont les règles. Il est faible. Qu'il meurt. S'il survit, alors il aura peut-être un avenir dans ce monde. Mais la logique n'emporte pas toujours la raison. Et vous avez accepté. Un instant, j'ai cru que ce n'était pas lâcheté, ou couardise, tout ce que vous voulez d'autre qui fait d'un homme un homme et non un être stupide.

Libre à vous de faire vos propres choix. Mais assumez-les. Je ne vous remets pas dans le droit chemin, ma Dame. Je... Je vous explique notre incompréhension. Que vos généraux changent de positions, et la votre de la même occasion, je le comprends. Que vous désiriez vous attaquer à des Nations aussi jeunes que la mienne, je le comprends également. Je le respecte. Et je l'admire. Toutefois cela contredit vos propres dires. Et je ne vous apprends rien que, si seuls les actes comptent chez nous, si les paroles ont peu d'importances, si l'un va à droite, et l'autre à gauche, ce n'est nullement nous qui gagnerons. Mais bien vous qui perdrez...


Trop poussé. Non pour son adversaire. Il la savait assez compétente pour déchiffrer les plus habiles mâchoires de la langue des hommes. Trop poussé à son gout, seulement. Narhim aimait la simplicité. Mieux, il l'adorait, l'idolâtrait.

Comprendre que vous n'auriez même pas besoin de nous - les autres, que vous-même et vos alliés - pour sombrer. Que vous tomberiez de votre propre-chef sans que jamais aucune armée ne vienne à vous. Et vu votre qualité, cela serait bien dommage, ne sommes-nous pas d'accord ?

Alors qu'il serait si beau et si honorifique de sentir son sang refroidir, ses poumons ne plus se gonfler, une lame dans le coeur, dans un véritable corps à corps.


Il se leva finalement. Iyoglide posa sa grande veste sur ses épaules, et se retira à nouveau d'un pas.

Je suis un homme de foi et d'honneur, Dame Athéna, j'espère que vous l'avez compris. J'admire plus que tout le spectacle d'une guerre droite, de combats professionnels, de stratégies dantesques, de tactiques risquées mais valeureuse. Et j'espère plus que tout, qu'un jour, vous et moi nous retrouvions, pour ajouter à ces quelques joutes orales, les faits et gestes de deux Etats d'Honneur. Dans les règles de l'art. Parce que la guerre est un art. Et nous sommes les artistes.

Il se baissa légèrement, et recula d'un faible pas. Assuré, mais restreint. Il lui sourit tendrement. Iyoglide souriait du charisme de son premier homme. Il était si beau, franc, honnête. Un peu de bien dans ce monde pourrit.

Si vous le désirez, j'écouterais une dernière fois votre voix, ma Dame. Puis, je me retirerais sans rien vous demander, que d'être juste avec vous-même. Car si je le suis, pourquoi ne pourriez-vous l'être tout autant ?
Répondre