[Les Jardins] Distorsions

Tout le role-play qui ne rentre dans aucune autre catégorie

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Sursum Corda
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[Les Jardins] Distorsions

Message par Sursum Corda »

Sursum Corda profitait d’une pause dans les débats pour s’octroyer un moment de calme dans les splendides jardins de la confédération.
Mais son attention fut retenue par l'étrange comportement d’un homme dont il avait cru, au premier chef, qu’il jouissait comme lui de la magnificence des lieux.

Sursum regardait l’homme, assis sur un banc de bois clair. Il ne le connaissait pas mais il avait compris qu’il assistait, interloqué, aux conséquences des horreurs de la guerre et de la destruction.
Trop de deuils, trop de drames et que de vies gâchées ou passées par les armes.


FLASH ! FLASH ! FLASH !

Les appareils photos grésillent, il est apparu le marionnettiste !! Il est enfin là !

Gros plan sur ses mains.

Ce sont elles qui, jouant avec dextérité des petites plaquettes de bois, qui tirent et relâchent les ficelles de tout ce qui vit dans la galaxie.
Dans l’ombre et le silence, il fait et il défait, déforme et contrefait.

Vous seriez bien naïfs, chefs d’Etat, de croire que vous décidez de vos vies, de vos combats ou même de votre mort !
Non vous n’êtes que des marionnettes dont l’innommable, l’infâme et le pervers marionnettiste se joue.

Il est dalien sans l’être, brumeux sans l’avouer et dans l’ombre vespérale où il est bien caché, il dissimule son sourire quand un fil relâché a déclenché l’action qu’il avait programmée.

Il reste tapi derrière vos alliances, génère les accords, provoque les conflits, un geste de sa main et vos amis détalent, trahissent ou bien reviennent.
Êtes-vous donc aveugles ?
Ne le voyez vous pas quand il vous manipule avec sa jolie voix ?
Cessez donc enfin d’écouter le chant des sirènes, elles ne chantent que pour vous amenez à votre perte, vous conduire où vous ne voulez aller ! Vous n’êtes plus les maitres de votre destinée !


Les yeux révulsés sur un monde qui n’existe que dans sa tête, l’homme avait saisit son visage à deux mains et balançait son corps convulsivement d’avant en arrière, la crise revenait, plus fort que la première.

FLASH ! FLASH ! FLASH !

Et le spectacle continue !!

Voici l’hypnotiseur !

Gros plan sur ses yeux

C’est lui qui vous endort avec plus d’assurance qu’une armée d’envouteurs, l’invocateur immonde du prisme du réel, son ton est doucereux, son sourire perfide, il charme, il embobine et il travestit les faits par ses manières viles, manœuvres alambiquées.
Croisez son regard et vous ne distinguerez plus le faux du vrai.
Alors vous vous mettrez à haïr ce que vous avez aimé, à douter de vos frères, vous croirez vivre alors que vous rêvez, cet homme est dangereux !
Une calamité !

Il est cause des guerres, assassin de nos morts tant il manipula nos flottes et nos esprits, il est l’ultime obstacle à notre liberté et c’est bien sur pour ça qu’il faut l’éliminer.

Groupons nous, vous daliens, vous brumeux, tous les autres, recherchons son Etat, éradiquons ses flottes !
Harcelons-le longtemps, toujours et sans faiblir, pour que j’oublie ses mots que je ressasse encore ! Qui tournent dans ma tête comme des araignées suspendues par un fil au plafond craquelé.


Sursum avait regagné la salle des débats où déjà un nouvel orateur prenait place et regrettait d’en être sorti tant le spectacle de cet homme l’avait navré.
Il était atterré des ravages de la haine sur l’esprit humain lorsque ce dernier, affaibli par la guerre, ne percevait plus que des distorsions de la réalité.
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flamme
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Re: Distorsions

Message par flamme »

Aidan était assis sur l’un des bancs jalonnant l’allée de graviers qui serpentait entre les bosquets des jardins du siège de la confédération.
Il regardait passer les rares promeneurs, belles dames, officiers chamarrés, serviteurs empressés ….

Il avait plut la veille et une odeur de sous bois montait de la terre, révélant la vie, dans le pourrissement de l’humus.

Un couple s’approchait et suivait le sentier en direction d’une des salles de la confédération.
Mais est-ce bien un couple ? Non, ils semblaient agités par l’emportement et par la colère.
C’était deux chefs d’Etat qu’Aidan reconnaissait. Le mot protagonistes semblait mieux adapté à la situation telle qu'elle se présentait.

Sans attendre d’auditoire, ils avaient commencé à vider leur querelle dans ce lieu féerique, en brisant sa magie, sa quiétude extatique.
L’homme vêtu de noir, le visage fermé exprimait un mépris que rien ne changerait, il prononçait sa rage, sa haine se hurlait en des mots que la femme semblait mal accepter.
Elle, les joues en feu, poussant sa voix aiguë, lui renvoyait sa hargne en des termes choisis qu’Aidan n’eut pas envie de reproduire ici.

Les furieux s’éloignèrent vers l’antre d’un débat dont la stérilité demeurait le seul choix.

La scène avait laissé Aidan rêveur, un sourire étira ses lèvres et il se perdit en d’anciens souvenirs, bien des années avant, dans une de ces salles, il avait vécu une scène incroyable.

Il était à l’époque diplomate apprenti et il suivait partout sa Grand Mère, laquelle, en rhéteur aguerri, représentait l’Etat où il avait grandi.
Il avait assisté à nombre de ses frasques, de coups de gueule francs en ironie douteuse, il avait appris d’elle des choses fort précieuses.

Ce jour là ils entrèrent dans la salle surchauffée où avait commencé un débat animé. Il avait reconnu dans un dense public, nombre de chefs d’Etat qui, soit par leurs discours ou soit par leurs combats, avaient fait parler d’eux et dont le souvenir restait vivace.

Aidan s’était installé humblement près de la porte tout à son émotion d’avoir l’honneur de côtoyer tant de célébrités.
Luluberlue, quant à elle, dirigeait avec assurance sa petite silhouette safranée vers le fond de la salle où elle avait coutume d’installer ses quartiers. Passant rapidement derrière le Lord Of Darkness, fort malicieusement elle lui pinça les fesses. Celui-ci sursauta. Le ton était donné. Luluberlue était en verve ! Ça allait déchirer !

Elle s’installa donc, sortant de son cabas un petit calepin, un crayon mâchonné, une blague à tabac, un mouchoir tout froissé et c’est au moment où elle fut installée que vint à la tribune, un sombre chef d’Etat que l’on savait loquace et percutant.
Il s’en prit férocement à la chère patrie où Aidan vit le jour. Il la conspua, taxa de lâcheté, érigeant couardise en seule vérité, il traina dans la boue son gouvernement, lui prêtant tous les vices, tous les pourrissements.

Entendant ces insultes, meurtri par ces propos, Aidan sentit son sang ne faire qu’un seul tour et il aurait voulu monter sur cette estrade pour claquer la face de l’opposant tenace.
Mais il se retint, sa grand mère était là et il en était sûr, donnerait de la voix.
Lorsqu’il se retourna, quelle fut sa surprise, de voir Luluberlue devisant tranquillement avec le dirigeant de l’Aschlarane, sans se préoccuper des insultes lancées.

N’étant point contredit, l’orateur poursuivit, là encore, il exprima sa rage et son mépris, il dénonça enfin la bassesse infâme des manipulations, la torture des âmes à laquelle le peuple d’Aidan se livrait, bande de trous du cul, pantins dégénérés, chainon manquant d’un monde, monstres de lâcheté.

Aidan n’en pouvait plus ! Il allait exploser ! Les joues rouges, le regard furieux, il était prêt, malgré sa timidité et son manque d’expérience à prendre la parole pour laver l’honneur des siens, retourner ses insultes au haineux orateur.
Un raclement de gorge et un froncement de sourcils de son irascible aïeule l’en dissuada.

L’homme termina son assassine intervention en plantant un dernier coup de couteau dans sa nation.
Aidan, rouge de honte devant l’indignité de cette situation était furieux que sa grand mère n’ait pas courageusement défendu leur peuple, laissant l’insulte non relevée, les accusations sans contradictions.
Il préféra sortir de la salle qu’affronter les regards goguenards de certains chefs d’Etats et ceux plein de pitié des représentants des États frères.

Luluberlue rassembla tranquillement ses affaires dans son grand sac de jute et salua ses amis avant de sortir le plus sereinement du monde de la salle à son tour.
Le trouble d’Aidan ne lui avait pas échappé et lorsqu’elle le rejoint, elle lui sourit mais ne dit mot.

La colère emporta Aidan et il exprima vertement son indignation.
Comment as-tu pu nous laisser salir ainsi ? Manques-tu à ce point de courage pour n’avoir prononcé aucune parole en réponse aux insultes ?
Tu n’as pas défendu ton peuple, tu as manqué à ton devoir !


Elle lui laissa vider son sac et lui dit :
- Aidan, dis-moi, si on me fait un cadeau et que je ne l’accepte pas, à qui appartient le cadeau ?
Aidan surpris par la question réfléchit un instant, puis répondit
- He bien il appartient à celui qui le donne !!
- Bien ! sache jeune homme qu’il en est de même des insultes qui lorsqu'elles ne sont pas acceptées restent la propriétés de ceux qui les proférent.

Aidan sourit à ce souvenir, des insultes en cadeau, murmura-t-il pour lui-même avant de poursuivre sa promenade dans les merveilleux jardins.
Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son

J'ai un autocollant "Soulis 4ever" sur ma voiture depuis 1897 !
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Sursum Corda
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Re: Distorsions

Message par Sursum Corda »

Doux effluves floraux, bruissement des feuillages, ombres fraiches contrastant la tiédeur vespérale. Telles étaient les sensations du promeneur parcourant lentement les allées du somptueux jardin de la corporation.
Seule la distorsion permettra la rencontre de ceux qui se complètent, de ceux qui se confortent, de ceux qui jour à jour parcoururent le temps malgré la concussion et malgré les traitrises qui loin de les abattre au contraire les aiguisent. Ce qui doit être dit le sera sans détours, dans l’ombre des jardins par ceux qui le vécurent, par ceux qui le souffrirent, par ceux qui le vainquirent.

Sursum avait perçu comme un muet message qui l’attirait ici sans trop savoir pourquoi mais il en ressentait l’imminence, car encore une fois il entendait la voix.
Cette voix ancestrale qui l’assaillait parfois et faisait résonner dans sa tête un écho inquiétant, bien loin d’une angoisse, la froideur terrible de la détermination.

Sursum franchit un pont enjambant une calme rivière qui se prélassait entre les bosquets de verdure. De l’autre coté de la rive, malgré l’heure matinale il aperçut une silhouette, mince ombre du passé, comme sortie du temps, un uniforme gris emprunté à l’oubli et se sentit étrangement attiré par elle, comme une évidence, comme s’il rejoignait enfin l’origine de tout.

La femme était debout sur la berge, immobile comme une statue ancienne, elle tourna la tête, l’entendant arriver et son regard vert se posa sur lui mais elle ne sourit pas et sur son visage rien d’autre que l’ennui d’avoir eu à venir prononcer les mots qui devaient l’être.

Point de présentation, l’évidence parlait car Flamme enfin de son silence sortait prouvant ainsi que son observation n’avait jamais cessée mais que seul le recul qu’elle avait pris des choses avait tenu jusqu’ici ses lèvres closes.

Je me suis demandé, Sursum, à quoi servait que je me tins coite pour ne pas enflammer des débats auxquels personne n’avait rien à gagner, puisque la logorrhée loin de s’en éteindre s’en trouvait attisée.
Je me suis demandé en quelle monnaie on payait la sagesse dans cette société où l’on préfère ignorer plutôt que d’affronter et les uns et les autres, de lâcheté drapés, comparables à l’autruche à la tête enterrée.

Sursum, je n’aurai jamais voulu avoir à te dire ces choses, mais aujourd’hui les circonstances me l’imposent. Tu as été trahi par quelqu’un, je le sais, que de ton affection tu avais entouré, de son isolement tu avais su le tirer et de son ascension tu t’enorgueillissais.

Tu pensais qu’à l’ami tu pouvais te livrer, sans craindre de traitrise et tout lui expliquer mais tu t’es très lourdement trompé. Ce que du fond du cœur tu disais à l’aimé sur la place publique il alla le porter et livra tes pensées à ces chiens faméliques qui hurlent dans la nuit des insultes impudiques.

Alors ceci étant, les paroles sont dites, à la corporation en trainent des échos, tu n’as plus trop le choix tu dois les assumer et quelque soit ton choix le faire avec fierté.

Tu peux choisir de fuir, de rejeter le monde, je ne t’en voudrai pas, je l’ai fait avant toi et point ne le regrette car c’était le but ultime de ma quête.
Tu peux aussi choisir de mener tes combats, de prendre position, de pas baisser les bras et décider de faire entendre ta voix.


Flamme s’assit dans l’herbe douce et leva la tête vers Sursum qui l’avait écouté sans mot dire.
Elle le connaissait bien et savait quelle ampleur avait pris son chagrin, elle était le passé il serait les demains.
Elle voyait osciller dans les yeux de cet homme, la peine, la colère et même le désir infantile de ne pas y croire mais la raison fut encore la plus forte. Il ferma les yeux et inspira et quand il les rouvrit il parla.

Je suis au pied du mur, car à n’en point douter la demi mesure ne serait adaptée à l’incongruité de la situation et des petits caciques ce sera l’oraison.
Jusqu’ici mes recherches demeurèrent secrètes mais le temps du silence et de la discrétion n’est plus, je lâche mes démons sur les pistes abjectes de la péroraison, du dénigrement et de l’insulte gratuite qui furent, je le sais, les véritables maux de notre société.

Car vois tu flamme, les nuits passées dans les archives de la fédération, ont confirmées mes doutes bien plus que de raison.
Les ennemies d’hier sont bien ceux d’aujourd’hui et rien dans les archives ne livre le pourquoi de cette haine ignoble, qui coula sa bave gluante sur le Vadolandia, puis sur l’Hadélyz et maintenant sur le Substratum. Rien ! Pas un mot ! Pas une attaque !
J’en conclu aisément qu’il faut en chercher ailleurs le fondement, en des mondes qui, sur le notre, ne devraient avoir prise et qui pourtant ici, très hypocritement distille leur venin à tous coins de couloir, sans point de réaction de ceux dont les fonctions sont bien de veiller à conserver l’éthique et qui par leur silence voire leur consentement se rendent les complices de tous ces errements.

Non je ne vais pas geindre, je ne vais pas pleurer et même pas me plaindre mais je vais m’insurger et parler haut et fort et dans la dignité de ce que plus d’un homme ici a constaté.

Flamme posait sur lui un regard emprunt d’inquiétude, il lui sourit.

Je sais que je serai seul dans ce combat mais n’ai pas de crainte, je suis fort de ceux qui furent, de ceux qui sont encore et de ceux qui seront, qui au fond de leur cœur savent que j’ai raison.
Je ne suis pas le chantre de l’annihilation, je veux être la voix de lendemains meilleurs lavés de la toile de la perversité, je veux plus de justice et plus d’honnêteté, je veux plus de franchise, je veux la vérité !
Car oui ! J’en ai assez des allusions débiles, des insultes cachées, des querelles larvées, des menaces voilées d’un Éros pathétique et de sa dulcinée, reine de la guimauve et du ton compassé.


Sursum s’interrompit, Flamme avait tourné la tête et regardait au loin.
Il se retourna dans cette direction et vit arriver la silhouette claudiquante de Luluberlue. Ils échangèrent un regard surpris.
Quand la vieille femme s’approcha d’eux, ils constatèrent avec surprise sa mine décomposée, elle avait les larmes aux yeux.

Claire est morte leur annonça-t-elle dans un sanglot.
Qui l’a permit ? !! S’exclama Flamme dans un sursaut de révolte.
Je n’ai pas d’autres informations, les bureaux étaient fermés......
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