Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Le sénat galactique accueille toutes formes de débats politiques qui s'adressent à une importante partie des états de la galaxie. Il est situé dans le cœur du siège et comprend plus de cent salles.

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Kalyso
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Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Kalyso »

L’ombre des branches nues se découpait sur le sol du hall du Siège de la Corporation Galactique, creusant de profondes entailles dans les rayons du rare soleil de cette fin d’hiver qui dardait le cœur du centre politique de Galactica. Les dalles ainsi éclairées semblaient taillées dans la lumière, et les reflets des fleurs de givre encore accrochées à la vitre immense devenaient les maladresses des divins tailleurs de cette œuvre. Il n’y avait un bruit, si ce n’est celui des oiseaux qui osaient timidement chercher la chaleur renaissante, et dont la porte entrouverte laissait entrer le pépiement de verre. Tout n’était que transparence, douceur, et espoir nouveau en cette matinée d’un Aquan essoufflé, l’arrivée des beaux jours comme d’habitude porteuse de promesses.

C’est en ce matin là que les quelques silhouettes presque irréelles, habillées de l’éclat enchanteur, virent apparaître les contours d’une personnalité presque oubliée. La porte s’ouvrit sur une cape sombre, dont se détachait une main si blanche qu’elle eut put être façonnée à même la neige. Une autre main s’échappa de sous l’épais tissu et abaissa la vieille capuche du vêtement, pour libérer une rivière de cheveux dorés où de facétieux miroitement de lumière jouaient à cache-cache. Ecartant d’un coup de tête les flots châtain qui noyaient son visage, la nouvelle venue dévoila celui-ci. Les traits fins, une peau plus claire que jamais, pointillée de quelques tâches de rousseur rieuses, et deux grands yeux d’un gris hiémal. Ceux-ci retenaient le plus l’attention, notamment par la lueur de défi qui y naquit au moment où les premiers regards s’y perdirent.

Cependant, c’est la première main qui de nouveau appela à elle. Les longs doigts de la jeune femme couraient sur une cordelette transparente, s’enroulant tantôt dedans, la laissant tomber une seconde plus tard comme si sa température devenait insupportable. Et très vite le regard suivait le lien, qui remuait fébrilement, et s’arrêtait subitement, découragé mais invaincu. Kalyso – car c’est celle qu'avaient reconnue les quelques témoins de la scène - tira dessus, et une autre silhouette apparut dans la salle et tomba aux pieds de la Conseillère.

C’était celle d’une jeune fille, aux airs de fillettes et aux formes naissantes. Elle allait nu-pieds, et n’était vêtue que de haillons de toile, dévoilant ça et là sa peau. Et la première curiosité de l’enfant sauta aux yeux des présents. La teinte de son corps, loin d’être uniforme et lisse, changeait selon les endroits, allant du plus obscur au plus clair. Elle n’avait la couleur commune du derme des empereurs des cinq reines. Elle était bleutée. A ceux qui connaissaient les légendes anciennes, revint alors en mémoire la vie des premiers dieux, leurs origines, leurs fins, et les conséquences de leur présence parmi les mortels. Les traits de son visage étaient dissimulés par ses mains aux ongles longs, qui s’enfonçaient dans une chevelure en broussaille de tresses, de nœuds, de mèches rebelles ; verte. Elle respirait bruyamment, tremblant à chaque souffle, dévoilant à chaque fois un peu plus ses os pointus qui semblaient en passe de rompre sa peau céruléenne. Des ecchymoses noirâtres prenaient forme et disparaissaient au rythme de l’haleine.

Et soudain, contre toute attente, dans un sifflement félin, l’agile silhouette se redressa et sauta à la gorge de sa geôlière. Celle-ci, sur ses gardes, fit claquer la cordelette contre le sol et frappa l’enfant au visage de sa lourde botte avant de la poser sur la chainette, entraînant la face de sa prisonnière dans un heurt des dalles de lumières, qui avaient repris toute consistance face à cette scène plus irréaliste que le tableau qu’elles dessinaient. Puis elle se pencha, maintenant toujours la petite au sol, et dans un murmure presque inaudible lui chuchota.

C’est du cristal, idiote. Le plus pur que ma magie puisse tresser. Comprendras tu enfin que tes forces sont vaines ?
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Sursum Corda
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Re: Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Sursum Corda »

Et soudain elle fut là. On ne savait comment elle était arrivée.
C’était toujours ainsi. Ils s’y habitueraient … ou pas ! Mais peu importe.
On lui reprocherait surement d’exister alors quelle importance de savoir d’où elle venait ?

Hélissa était apparue sur le parvis du siège de la confédération, ses arrivées soudaines n’étaient pas anodines. Elle savait qu’il y avait des rendez vous que la destinée lui réservait.
Le givre tissait sur les arbres les dentelles du froid qui était sa prison. Elle sourit à leurs dessins remarquables en ce lieu magnifique, la confédération !
Soudain dans sa tête retentit le hurlement ! Un cri terrifiant ! Pas un cri de douleur mais un cri de dépit, un cri de désespoir, de frustration subie !
Elle tomba à genoux sur les dalles glacées.
Instinctivement, elle porta ses mains à ses oreilles mais elle savait l’inutilité de ce geste.

Hélissa, une fois de plus, maudit son empathie ! Elle venait de recevoir de plein fouet, une souffrance telle, qu’elle savait être face à un acte cruel.

Elle se calma, elle savait qu’il était inutile de lutter, qu’il fallait subir le flux et l’accepter. Elle inspira une bouffée d’air et laissa venir en son esprit les sentiments honnis.

L’être qui communique ferme les yeux, il entre dans sa tête, y recherche la foi qui le conduisait hier.
Dans le continuum de ses pensées morbides, il vogue sur le flot de souvenirs anciens, ceux qui l’avaient construit et qui ne sont plus rien, détruit par ce qui nie la volonté de vivre, afflige la raison, fait renaitre les peurs qu’il croyait à jamais échappées de son cœur.
Il crie et voit chuter l’arbre des certitudes, qui hier pliait, fleuri sous les assauts du vent et qui aujourd’hui meurt dans le pourrissement. Le doute malveillant insinue toute chose, rend l’amour décevant et avilit l’honneur, percute l’amitié et tous les sentiments maintenant envolés en de si brefs instants.
Le vide, le désert, il ne reste que ça, sombre et froid, un néant qui plonge dans l’effroi, qui produit une angoisse dont le ressac érode peu à peu les rivages de son entendement.
Peu à peu il s’éloigne, la vague le reprend puis enfin le repousse toujours, toujours, plus loin. Plus loin de ce qu’il fut, de ce qu’il voulait être et qu’il ne sera plus, tout au fond de son être.
Son âme se replie dans cette profondeur, le cocon doux et chaud du refus de comprendre et du refus de voir ce qu’il ne peut entendre.
Il veut rester lui-même mais ne veut plus souffrir, quel terrible dilemme et comment en sortir ?
Je ne veux pas sortir !!! Hurle la voix dans sa tête, je ne veux qu’oublier et au fond de moi-même aller me refugier.
Mais que trouveras tu tout au fond de ton âme ?
Quand tu arriveras à ton essence même ?
Tu y retrouveras ton socle de valeurs ce qui faisait de toi celui qui n’accepte, celui qui toujours est et qui ne peut admettre qu’on use de lui-même comme un jouet cassé, qu’on laisse là, à terre, quand le jeu est joué.
Et à nouveau tu souffriras confronté à la douleur d’avoir à affronter, l’infinie violence, terrible cruauté d’un pouvoir qui détient l’arrogance de la réalité.

Être accusé d’être, être accusé de naitre, de n’être que le vent glacé qui souffle le tourment en des terres gelées, bouscule les acquits, renie les allégeances, balaye le purin des allées du pouvoir.
Être accusé de tout n’être accusé de rien, est si important pour sceller le destin ?

Hélissa, exsangue, se releva avec difficulté. Rarement un tel flux d’émotions lui était parvenu !
Elle se précipita vers le siège de la corporation et en ouvrit la porte avec une violence qui lui était inhabituelle.
Là peu de personnes … regards fuyant, pas pressés …
Le seul regard qu’elle pu enfin croiser ….
Ce regard ! Sa fureur déchirée de désespoir ! Sa colère impuissante ! Petit être bleuté maintenu face à terre par une botte sure de Grande Conseillère.
Hélissa s’arrête, s’appuie contre le mur, ses mains tremblent, cet univers ne changera jamais et n’aura de cesse de la ramener vers de lointains passés. Elle savait qu’elle venait de rencontrer la souffrance qui l’avait traversée.
Elle se redresse et fixe dans les yeux la grande conseillère :
Comment osez-vous ? !!!!!!
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Vlastilin
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Re: Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Vlastilin »

Roulements de tambours.
Dieu arrive.





Dieu repart.
La place maintenant bénie par son serviteur, Vlastilin peut humblement faire son entrée en ce lieu.
Vlastilin est grand. Vlastilin est fort. Vlastilin se prononce Vlastiline, mais comme il est pas une pauvre tapette de mes deux, il s'écrit Vlastilin. Vlastilin est intelligent. Vlastilin est admiré par toute foule à laquelle Vlastilin daigne s'adresser. Vlastilin est en fait si admiré que les foules ne peuvent agir autrement que d'imiter ses gestes ; ainsi, quand Vlastilin parle à une foule, nul n'a l'audace de se taire : chaque manant, pour aussi bête qu'il puisse être, comprend que l'attitude la plus louable pour louer Vlastilin est de parler. Et comme ces -ses - gueux n'ont nul autre auditoire que leur voisin, ils parlent à leur voisin.
Ainsi, oui, Vlastilin dispose d'une aura de grandeur inimaginable.
Vlastilin est, de surcroit, modeste.

Alors, quand Vlastilin voit dame Kalyso et cet attroupement autour d'elle, il ne peut s'empêcher de parler. En effet, tous ces bêtes si imbus d'eux mêmes qu'ils estiment que leur avis sur la situation est bien trop important pour qu'ils perdent leur temps à l'énoncer à l'oral débectent Vlastilin. Donc, Vlastilin parle ; mais uniquement parce qu'il trouve que ce qu'il a à dire, c'est de la grosse merde.

Notez au passage que le simple fait que l'on parle bien plus de Dieu que de Vlastilin, en règle général, montre l'humilité de Vlastilin, qui laisse le beau rôle à Dieu.


Bonjour, jolie dame, vous êtes toujours aussi resplendissante, et les années qui passent semblent dédaigner leur devoir vis-à-vis de votre apparence.
Ceci dit, je me souviens que la dernière fois que nous nous sommes vus, vous étiez en bien mauvaise posture ; et je m'interroge donc sur votre non-mort évidente.
Tuer des gens n'est donc plus un crime ?

Grandiose !

Jurisprudence fait loi !


Vlastilin décide donc, lui aussi, de tuer des gens.
Vlastilin tue donc tout le monde.

Oui, tout le monde.

Saint Jean pourra repasser ; au chapitre de la fin de l'humanité, Vlastilin décide.
"When I despair, I remember that all through history the way of truth and love has always won. There have been tyrants and murderers and for a time they seem invincible, but in the end, they always fall — think of it, always."
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Hell
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Re: Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Hell »

Croyez-en mon expérience mon cher, on sort facilement des prisons corporatistes...


La voix venant du fond de la pièce n'était pas étrangère à la Grande Conseillère. Il y avait fort longtemps que Sandrock n'avait mis les pieds au siège. Ce dernier, tanto défenseur, tanto accusateur de Kalyso la superbe, semblait ne pas savoir sur quel pied danser... Ce qui était totalement faux. Le diplomate Inferno jouait, tout simplement. Le simple plaisir de la rhétorique.


Vous savez, lorsque j'ai moi même exécuté un homme en ces lieux, mon séjour fut bref. A peine quelques jours. Et pourtant, je n'avais aucune relation haut placé à l'époque. Notre cher Sarexiel n'avait encore rejoint le Grand Conseil. Alors, imaginez. Une Grande Conseillère ne pouvait rester enfermer longtemps, et encore moins être exécutée. A croire que ce statut donne tous les droits.

Autrefois meurtrière, aujourd'hui... Tortionnaire? Le mot est-il exact? Il me semble pourtant que la torture est condamnée par le Grand Conseil... Ses membres sont-ils exempts de tout jugement? Font-ils ce que bon leur semble? Il faut croire puisque personne n'est encore intervenu ici même. Tiens, une idée me vient... Si j'exécutais encore une fois quelqu'un, on pourrait comparer... L'idée est alléchante, mais un séjour dans les geôles de ce bâtiment l'est beaucoup moins.

La justice semble bien être différente pour un simple diplomate et pour un proche de Terluan... Peut-être pourrions nous faire intervenir la justice populaire pour équilibrer les choses? Elle semble vouloir condamner plutôt les Conseillers que les simples habitants de la galaxie...



Sandrock mima un révolver avec sa main, visa Kalyso, et un "pan" marqua sa vision de la "justice populaire".


Qu'en pensez-vous, très chère? Après tout, peut-être est-ce ce que vous cherchez? Votre première tentative a échouée, alors vous tentez autre chose? Retournez l'opinion contre vous pour que quelqu'un mette un terme à vos jours? Il y a plus simple pour cela, vous savez. Il y a un mot... Suicide, je crois. Vous connaissez? En plus, on choisis soi même l'instrument de sa mort... Alors, qu'attendez vous? Vous voulez faire condamner tout le Grand Conseil avec vous?


Sandrock, la main toujours "braquée" sur la Conseillère, ne la quittait pas des yeux... Une réponse? Si seulement elle en est capable...
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Kalyso
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Re: Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Kalyso »

Des trois interventions, c'est celles de Vlastilin qui avait le plus soulevé le coeur de la Conseillère. Il était sorti de l'ombre de leur passé commun pour piquer de son ironie d'acier les chairs ramollies ; et avait fait mouche en le sens où il n'attendait de réponse là où tout, pourtant - des branches inclinées qui tiraient vers le sol, de l'air mordant qui les habillait tous, des portraits anciens qui s'affaissaient dans leurs cadres - semblait vouloir lui en crier une.

Vlastilin... Habile marionnettiste, adroit tireur, fidèle fuyard, peau oubliée... Que je te regrette, mon ami, et tous les noms que tu portas... Que je déplore la décomposition de ta silhouette qui force l'inconsistance de tes propos. Que tu étais beau et fort et inoubliable, et comme tu as si bien fui, devenant qu'impérissable souvenir qui ne laisse plus qu'un goût indéterminé en quelques esprits nostalgiques. Accepte d'être mon adversaire, rien qu'une fois, comme lorsque nous étions jeune. Oh ! Laisse moi savourer l'apaisant breuvage de l'effort que ne me demande plus personne. Personne ! Tu te rends compte ? Tout cela semblait pourtant ... immortel. Et c'était entre nos mains, mon ami. Et maintenant, regarde moi. Si vieille enfant, toute rabougrie de l'intérieur, qui supplie un souvenir de lui donner envie de germer. J'étais une fleur, bon dieu. Et pas des moindres. Et voilà que je me suis fanée à l'image de ce pitoyable univers dans lequel je ne me suis que trop fondue.

Que marmonnez vous encore ? Les incantations sont interdites en ces lieux

La jeune femme, surprise, si brutalement tirée des remous de ses regrets, leva la tête vers celui qui l'avait interrompue. Elle lui jeta un regard mauvais, un sourire narquois, laissa ses yeux glisser doucement de sa silhouette vers celle de l'inconnue qui s'était misérablement adressée à elle. Puis elle eut ce rire cristallin, qui jadis à cette période, tintait dans les jardins du Siège.

Sandrock.. Pauvre fou rongé de ce si bas désir de vengeance. Impulsif, irréfléchi, humain. Vous n'avez pas changé. Toujours à la botte de quelqu'un ? A en juger par votre tenue, on dirait que cela rapporte, en tous cas, de porter une laisse. Les prisons corporatistes - et je fais d'une pierre deux coups en répondant à votre pitoyable provocation en même temps qu'à l'inimitable sarcasme du Seigneur - sont en effet pleines de courants d'air. Et cette affaire que vous remuez tous deux n'est qu'une preuve supplémentaire des tumeurs qui rongent nos murs. Mais soit, le peuple m'a épargnée, par paresse plus que par désir, et me voilà, résolue une fois de plus à faire avancer mon monde - dut il y avoir une déchirure entre son berceau qu'est le votre et lui.

Kalyso interrompit son discours pour resserrer le collier translucide de sa prisonnière, avortant tout projet de fuite. Les éclairs avaient fui les yeux de la créature, pour n'y laisser que de mornes nuages abandonnés de l'espoir. Elle restait prostrée au sol, et laissait parfois sa respiration se noyer dans un gémissement.

Comment osé-je, donc ? Mais comme ça, Dame euh... Bienvenue par l'occasion. La jeunesse naïve et choquée qui disparaît aussi imperceptiblement qu'elle est arrivée m'est chère. J'aime ces secondes où les espoirs se muent en cynisme. C'est rarement progressif, étonnement. Cela m'évoque plutôt un os qui se brise. Un craquement sec, vous voyez, et plus rien d'autre qu'un nouveau corps sans attache aucune avec l'ancien. Il arrive que des tendons tiennent le tout. C'est plus long, et surtout plus douloureux. Mais le résultat est toujours le même. Il n'y a d'idéalisme qui survit en ces mornes terres ! Tout est corruptible, tout s'épuise, tout s'éteint. Je reste - et cela vous surprendra - une des rares qui croit encore à une renaissance de ce monde. Et ce n'est sûrement que mon côté caustique que vous entendez là, car je sais que cela implique surtout son extinction suivante. Tout est cyclique, les visages seuls changent. Mais passons ces considérations et allons à la réponse. J'ose, et oui, agir en ma qualité de chef d'état, et surtout de Grande Conseillère. J'ose choisir une vermine à exterminer, et je viens, en ce moment, annoncer mon but. J'ai choisi un état, comme ça, random, et je vais le détruire. Pourquoi dites vous ? J'en garde les raisons pour moi, au cas où mes arguments soient nécessaires au cours d'un débat dont je doute fortement. J'aurais pu faire cela en silence, mais je m'ennuie. Alors j'amène ici même un échantillon de l'espèce qui sera bientôt effacée de cet univers. En faire une race protégée. Au cas où des scientifiques, dans quelques années, se prennent pour Dieu et décident de l'accoupler avec une autre pièce de ma collection ; ou plus simplement tirer de sa moelle épinière quelque sérum salvateur pour une autre espèce tout aussi misérable. Et pourquoi la violence ? Pourquoi l'humiliation publique ? Pourquoi ce triste spectacle, en somme ?

Mais simplement parce que personne ne fera rien contre. Parce qu'il n'y a plus ici que des larves apathiques dénuées de tout sens de la rhétorique. Et que je fais ouvertement ce que tous font, cachés : je nargue l'univers entier, et crache sur toute autorité tant qu'elle est incapable de surpasser au moins mes mots. Et je le fais l'esprit léger, car à part de niaises demandes d'explications emplies d'effrois et de pathétiques condamnations portées par des bouches non moins condamnables, je n'ai rien à redouter.


Sur ces mots, la jeune femme appuya un sourire forcé, qui dissimulait à peine une marquante lassitude, et tourna les talons, tirant sèchement sur le lien de sa malheureuse prisonnière. Elle n'osait plus même espérer quelconque intervention pertinente entre ces murs.
Aurel
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Re: Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Aurel »

Un mouchoir, s'il vous plait.

Un soldat de la Corporation s'empressa d'accéder au désir de l'Archimage Terluan, arrivé silencieusement au milieu de la diatribe de Kalyso.

Je me dois d'essuyer ce crachat dont me gratifie notre chère amie, commenta le dirigeant du Conseil avec un petit sourire narquois.

Puis, à la Conseillère Kalyso, d'une voix enjouée mais légèrement réprobatrice :

Je vous prie de cesser de jouer avec nos amis ici présents. Je sais que vous n'avez pas apprécié les récentes et honteuses contestations à l'encontre du Conseil, mais vous moquer ainsi de leurs craintes en les laissant croire que vous martyrisez une pauvre enfant, je trouve cela très bas, indigne de votre condition. Je sais bien que la plupart des membres de l'assistance auront immédiatement compris que vous jouiez la comédie, mais gardez en tête le fait que tous ne jouissent pas de cette clairvoyance. Certains pourraient vous avoir crue, et cela ne ferait que nourrir leurs doutes à notre égard.

Terluan fit signe à un groupe de soldats de la Corporation d'approcher :

Emmenez la prisonnière. Faites attention, elle est extrêmement dangereuse, et a tué nombre de nos agents avant que nous puissions mettre la main dessus.

Félicitations pour cette capture, Conseillère, ajouta encore l'Archimage avec un sourire Kalyso. Veuillez me suivre à la tour du Conseil, nous avons beaucoup à nous dire.
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Kalyso
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Re: Au sujet du pouvoir, des prophéties, et de la mort.

Message par Kalyso »

Le sourire de la conseillère s'étira contre toute attente, et elle offrit docilement la chaine de sa prisonnière aux gardes accourus à la voix de Terluan.

Ainsi, Archimage, vous continuez à déverser les illusions qui vous nourrissent sur la plèbe qui vous adule, à défaut de vous connaître ? Vous protégez le Conseil, hein ? Contre quoi... Les mauvais regards ? Que risque t-il d'autre, après tout. J'ai beau clamer haut et fort que par le seul pouvoir qu'il me confère, j'ai droit de vie ou de mort sur un peuple, les seuls réactionnaires sont vindicte, quête d'occupation ou idéalisme naïf. Et vous continuez de les empâter dans cette masse gluante qui les ronge. Joli travail. Encore le meilleur des despotisme : leurs bras trop gras et trop paresseux ne risquent de se lever pour vous renverser...

Mais soit. Je vous suis. Discutons, puisque vous ne serez jamais que l'unique adversaire qui sache saboter ma maîtrise. Discutons donc de ce qu'attends l'univers. J'ai hâte de connaître vos projets. Et de vous faire part des miens aussi. Vous avez raison, laissons les croire à l'innocence de la blanche Kalyso, et au sort mérité par les rebelles. La surprise n'en sera que plus douloureuse. Dites moi juste, voir si je ne me trompe, depuis quand dorment les sphères, réunies dans la même main ? Votre air amusé ne saurait me tromper, Monseigneur. S'il est assez idiot, les obus et les jeunes fantômes rythmeront bientôt la valse qui résonnera dans les étoiles. Cela me rassure, je ne suis pas la seule à vouloir sentir de nouveau cet enivrant parfum de sueur, de sel, et d'essence.


La jeune femme se tourna vers Sandrock et lui adressa un petit salut militaire narquois, hocha la tête en direction de Vlastilin et sourit à Sursum Corda ; avant d'emboîter le pas à Terluan. Ce soir, elle achèverait l'état de la captive. Demain serait un jour nouveau. Et les portes de la guerre s'ouvriraient, elle en était sûre maintenant, à la peur et aux larmes auxquelles seraient donnée la force de balancer enfin un monde trop hétérogène.
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