HRP : Ceci est un texte issu d'un devoir d'anglais fait pour mon école. Ne pas s'offusquer de la simplicité du langage ni de l'aberrance de certaines expressions : elles ont été adaptées et retravaillées de façon à correspondre à un niveau qui ne nécessite pas de travailler des heures dans un dico français-anglais. C'est donc seulement un brouillon que j'ai voulu vous faire partager.
Pour tous ceux que le temps dérange, comme moi. Ceux pour qui il est l'ennemi.
Pour ceux qui veulent s'évader, également.
Bonne lecture.
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Il restait cinq minutes. Cinq petites minutes, et Andy Noble se tenait là, debout dans ce couloir désert, à faire les cent pas au rythme de la trotteuse sur son poignet. « 299, 298, 297… », comptait-il incessamment. Arrivé à 120, il stoppa, et s’assit sur le banc en bois juste à côté de la porte devant laquelle il circulait encore deux secondes plus tôt.
Appuyant sa tête sur sa paume glacée, il souffla :
« Allez-vous-en. »
Et les chiffres fuirent.
« Pourquoi l’homme devrait-il être esclave de son infatigable bourreau, ce régent de la quatrième dimension que l’homme lui-même a inventé, et qu’il a été jusqu’à baptiser : le temps ? », songea le jeune garçon.
Il fut dérangé dans ses pensées par un son isochrone et agressif. Il posa les yeux sur la montre en argent qui scintillait à son poignet, puis l’enleva avec précaution. Il ne voulait pas gâcher le cadeau de ses dix-huit ans sans en jouir un minimum. C’est alors que, tel un lanceur de base-ball, il prit l’objet à deux mains, le porta à la hauteur de son oreille, avant de l’envoyer avec force sur le mur d’en face. Le cadran se brisa, et la montre retomba sur le sol dans un claquement sourd qui se répercuta en écho dans tout le bâtiment.
Derrière la porte, on entendit un frémissement suivi de murmures inquiets.
Le jeune homme n’y prêta aucune attention, mais s’avança déterminé vers l’endroit où gisait, brisé, le précieux objet qui avait cessé de fonctionner. Après s’être assuré de l’arrêt total de la montre, le garçon se rassit, ferma les yeux, et se focalisa sur une unique pensée :
« Ok, faisons disparaître le temps, à présent. »
Et il vit sa vie défiler.
Sa naissance, son premier mot, son premier blâme, ses premiers amis, l’école, le collège, son premier amour, son premier diplôme, le lycée, les soirées, les filles, l’alcool, la cigarette, puis lui, seul dans ce couloir, répétant : « c’est sans intérêt ».
Alors il prit le chemin inverse.
La drogue, les cuites, le sexe, les flics, les cours, les absences, la déprime, les bastons, la psychologue, la mort de sa mère, le nom qu’il avait prononcé à une époque dont il n’a plus de souvenirs, et enfin, le tout début de sa vie.
« Et avant ? Qu’y avait-il donc avant, avant que le temps ne me prenne comme victime ? »
Il revint à l’état de fœtus, remonta encore plus loin, toujours plus lentement. Puis il franchit la barrière, et s’enivra d’une sensation qu’il avait oubliée. Et la mémoire lui revint. Avant cette vie, avant l’écoulement douloureux du temps, il y avait la mort. Et avant elle, la vie – celle d’avant.
Il comprit. Le temps régissait l’homme dans chacune des étapes de SES vies. Il n’y avait de moyens d’y échapper.
Mais, reclus qu’il était dans sa mémoire, le garçon se sentait son maître. Alors il resterait là, parce qu’il ne voulait plus vivre son joug.
C’est alors que, loin derrière lui, une porte s’ouvrit. Un enseignant s’avança dans le couloir, et appela :
« Andy Noble, c’est à vous ! »
Mais à part une montre en argent brisée et un banc en bois, il n’y avait plus rien ni personne dans le couloir.
Andy avait disparu… le temps d’une pause.
Le temps d'une pause
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Le temps d'une pause
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith