Test de l'indécis

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Kossnei
Soulis de Kalyso
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Test de l'indécis

Message par Kossnei »

Est-on soi-même lorsque, par hasard, un soir d'hiver, alors que Noël et toute la féerie associée n'est plus qu'à un pas de notre perron, l'on décide de se laisser à un état éthylique avancé et, faisant fi de la fatigue, se laisse aller à écrire, sur tout et n'importe quoi ?

A dire vrai, je ne pense ce que je tape. Tout ceci n'est encore et encore que pour l'amour du mot, la beauté d'une calligraphie qu'on ne sait combien d'opérations numériques ont conçue, afin de ravir le lecteur d'un égo tel que, lorsqu'il décryptera ce curieux langage, il y verra davantage un bijou de forme, qu'une misère de fond, ainsi qu'un assemblage de mots confus qu'une tempête de canettes vertes a altéré.
En effet, je ne pense ce que je tape. Ce sur quoi mon cerveau légèrement alcoolisé a décidé de disserter ce soir, ce n'est pas rien. Bien au contraire : c'est la force de l'absolue imagination. Celle que l'on ne prédit, et qui sort de vos doigts dès lors qu'une touche rencontre votre peau ; à peine le nerf frôlé, est-ce l'effervescence, ou bien le néant ?

Pour moi, en tous les cas, la véracité réside en la première proposition. L'effervescence donc.

Qu'est-ce donc que la Lager, pour fournir à des êtres harassés de leur journée, usés par leur labeur, leurs longues heures d'écriture, de rectification, de réécriture, de pensées, d'idées, de souvenirs, et enfin d'achèvement, la force de continuer ?

Qu'est-ce donc que cette pisse en boîte, favorite des petites bourses, muse des reclus ou des rejetés, qui pousse à l'effort inconsidéré car non ressenti, dont l'éthanol a gommé tout fondement, allant jusqu'à procurer à l'auteur une sensation de jouissance, lorsqu'il donne naissance à quelque chose d'insensé, mais pourtant bien réel ? Lorsque ce dernier, incrédule, examine mot par mot son œuvre, ému par tant de magie, ne pouvant croire qu'il s'agit de sa propre histoire, celle d'un homme qui, soudain, eut envie d'attraper une canette pour fêter son Noël à lui, celui de la fin de son projet ?

Après avoir retourné encore et encore le problème — vous aurez sans doute noté l'antithèse inhérente aux propos tenus ci-dessus et à la comparaison faite avec les derniers... — je suis arrivé à la conclusion que cette drogue, car c'en est une, n'a pas été créée pour l'artiste, mais plutôt qu'elle rend artiste n'importe laquelle de ces tristes personnes qui en consomment.
N'avez-vous remarqué l'ampleur de la transformation du clochard de votre rue, lorsqu'il absorbe sa dose d'alcool ? Elle est telle que celui-ci en vient à parler de problèmes philosophiques que votre minable cerveau ne serait même allé se poser, tant il se complaît à habiter un corps et à être régi par un esprit dont la destiné est tellement bien tracée qu'on ne sortirait de sa voie pour rien au monde, ne serait-ce que pour jeter un regard aux complications actuelles de notre société.

Je ne pense pas qu'être artiste confère à chacun un pouvoir digne de celui de nos maîtres — j'ai nommé pour ma part Zweig, La Bruyère, Dumas —, mais en revanche, il est à mon âme d'écrivain devenu ostensible que quiconque s'accaparerait le pouvoir de se faire tourner la tête, recevrait alors, ne serait-ce que pour les quelques heures nécessaires à la purification du sang de la victime, des talents dignes du plus ésotérique des enviés.


Aussi, mesdemoiselles, mes rares dames, et messieurs, dois-je vous inviter à consommer, tout comme je l'ai fait ce soir, de cette substance impliquant la décadence qu'est : la Lager.
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
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