Vingt-trois heures.
Peu à peu, le palais s’endormait, le silence redevenait enfin maître en ces lieux. C’était le moment que Kami préférait. Le seul moment où il pouvait être seul, laissant ses songes le submerger sous la lumière bienveillante de l’astre de la nuit. Dans deux heures, il irait rejoindre sa bien-aimée dans leurs appartements.
Minuit.
Plus qu’une heure. Le temps passait si vite. Il sentait sa vie filer entre ses doigts, alors qu’il était cloîtré dans ce palais, à régler les quelques affaires traitant de politique intérieure. L’homme se rassit derrière son bureau, soupirant. Les rapports du jour se mélangeaient aux diverses communications formant un amas de feuille. L’homme regarda sans convictions la pile de papier et lut la fin d’une missive qu’il avait reçue deux jours auparavant.
« Pour finir, je vous invite aux Jardins de la Corporation, si vous souhaitez vous entretenir plus longtemps. J'apprécie particulièrement ces lieux, vous comprenez... J'espère que vous m'apporterez des précisions sur vos idéaux, à ce moment.
En attendant, vous souhaiter une bonne soirée ne me paraît guère trop de convenances. Alors bonsoir.
Je vous embrasse, mon ami.
Nikki Katarilis. »
Quelques heures plus tard.
Il était temps de se préparer pour ce fameux rendez-vous. L’homme enfila rapidement ses habits, puis sa cape de voyage. Il se saisit de sa dague puis de son revolver et le plaça à sa ceinture. Il se dirigea vers un grand miroir. Ses yeux rouge sang fixèrent longuement l’image dessinée sur la surface de verre, s’assurant qu’aucune trace de la nuit dernière n’apparaissait. Il était enfin prêt à partir pour Galactica.
En public, notre homme réussissait habituellement à cacher les sentiments qui l’animaient, laissant le mépris et l’indifférence tour à tour agrémenter son visage. Mais cela n’était pas le cas aujourd’hui. Kami ne pouvait le nier : il était nerveux rien qu’à l’idée de revoir l’un de ses anciens compagnons, l’un de ceux qu’il croyait mort depuis « la période de trouble ». Kami regardait la petite pierre violette aux reflets rouges qu’il comptait offrir à cette dame. Il regrettait son défunt ami, Dicou. Il était plus facile à contenter : une simple bouteille d’alcool de qualité suffisait.
Ce n’est pas grave, quoiqu’il advienne, j’improviserai, pensait-il.
Il n’eut guère le temps de se soucier davantage de ce détail car son vaisseau venait de se poser à la corporation. Dès qu’il eut foulé le sol, notre homme se dirigea vers les jardins de la corporation. Le rendez-vous était fixé à quatorze heures, il ne lui restait que cinq minutes pour retrouver Nikki – ou Karlina, peu importe le nom qu’elle s’était choisie pour cette nouvelle vie - . Il ne savait la reconnaître physiquement, mais grâce à son don, l’aura de la jeune femme parlerait pour elle.
Lorsqu’il comprit que Nikki n’était pas en ces lieux, la déception éprouvée fut à hauteur des espoirs qu’il avait placés en elle. Il s’arrêta devant un banc et serra les poings.
Elle va le payer, murmura Kami.
Alors qu’il s’apprêtait à repartir, bousculant diplomates et autres personnalités sur son passage, le kaméen ressentit un petit quelque chose qui l’interpella. Elle arrivait.
[Les Jardins] Le feu et la flamme, brasier des jardins
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[Les Jardins] Le feu et la flamme, brasier des jardins
Amiral Andrew K. R. Leister, dit le Feu, à votre service.
Un homme éclairé a écrit :Sergent dieu n'aime pas être contredit !![]()
Re: Le feu et la flamme, brasier des jardins
Elle arrivait.
Sa cape violet foncé flottant sous l'effet du vent d'Aquan et de chacun de ses pas qu'elle marquait d'une certaine assurance, ses cheveux blonds dénoués lui retombant sur le dos à chaque fois que son pied frappait le gravier de l'allée principale des Jardins et ses yeux bleu clair, alertes et diligents, qui analysaient tout : du décor à son partenaire de la soirée...
Elle arrivait.
Karlina Meryne, ou plutôt devrait-on dire Nikki Katarilis, se dirigeait avec envie vers le Feu, elle qui était la Flamme. Lui, ardent brasier de Volcano, dévisageait une femme qu'il n'avait pas vu depuis presque deux années, celle qui autrefois d'un claquement de doigts était passé de simple officier diplômé à impératrice suprême de toute une nation, et non des moindres.
Oui, au premier coup d'oeil, ils surent. Les temps anciens affluèrent à nouveau en leurs pensées, et ils surent, à l'enivrement d'une nostalgie qui n'avait jamais cessé, au fond, de les faire souffrir, que bientôt viendrait ce soulagement tant attendu, car l'un était en face de l'autre à présent.
Elle le savait admiratif, et avait délibérément frôlé le retard irrattrapable pour constater à quel point son statut était objet de désirs. Quelle ne fut pas sa déception, lorsque Kami, esquivant un battement de cil de Nikki, annonça froidement, comme si la discussion était terminée sans avoir jamais commencée :
« Vous êtes en retard. »
Décontenancée, la jeune dirigeante ne sut quoi répliquer : il faut dire que, de caractère, elle était nettement dominée. Elle qui n'avait jamais fait tomber les hommes que sous son charme, il lui faudrait en cette soirée improviser une nouvelle stratégie, car en face d'elle était un personnage inflexible.
« Non, se dit Nikki. Il faut faire tomber l'homme, non plus par persuasion, mais par convictions. Arrêter de jouer, mettre cartes sur tables. »
Elle avait besoin de lui, il fallait à présent trouver pourquoi lui avait besoin d'elle, et le lui démontrer. Elle entreprit, avant tout et pour la première fois depuis de nombreux mois, de s'excuser. Elle décela chez son ami une once d'apaisement, une fois qu'elle se fût exécutée. Aussi continua-t-elle :
« Alors, mon ami, quelles étaient donc ces questions que vous aviez à me poser ? »
Sa cape violet foncé flottant sous l'effet du vent d'Aquan et de chacun de ses pas qu'elle marquait d'une certaine assurance, ses cheveux blonds dénoués lui retombant sur le dos à chaque fois que son pied frappait le gravier de l'allée principale des Jardins et ses yeux bleu clair, alertes et diligents, qui analysaient tout : du décor à son partenaire de la soirée...
Elle arrivait.
Karlina Meryne, ou plutôt devrait-on dire Nikki Katarilis, se dirigeait avec envie vers le Feu, elle qui était la Flamme. Lui, ardent brasier de Volcano, dévisageait une femme qu'il n'avait pas vu depuis presque deux années, celle qui autrefois d'un claquement de doigts était passé de simple officier diplômé à impératrice suprême de toute une nation, et non des moindres.
Oui, au premier coup d'oeil, ils surent. Les temps anciens affluèrent à nouveau en leurs pensées, et ils surent, à l'enivrement d'une nostalgie qui n'avait jamais cessé, au fond, de les faire souffrir, que bientôt viendrait ce soulagement tant attendu, car l'un était en face de l'autre à présent.
Elle le savait admiratif, et avait délibérément frôlé le retard irrattrapable pour constater à quel point son statut était objet de désirs. Quelle ne fut pas sa déception, lorsque Kami, esquivant un battement de cil de Nikki, annonça froidement, comme si la discussion était terminée sans avoir jamais commencée :
« Vous êtes en retard. »
Décontenancée, la jeune dirigeante ne sut quoi répliquer : il faut dire que, de caractère, elle était nettement dominée. Elle qui n'avait jamais fait tomber les hommes que sous son charme, il lui faudrait en cette soirée improviser une nouvelle stratégie, car en face d'elle était un personnage inflexible.
« Non, se dit Nikki. Il faut faire tomber l'homme, non plus par persuasion, mais par convictions. Arrêter de jouer, mettre cartes sur tables. »
Elle avait besoin de lui, il fallait à présent trouver pourquoi lui avait besoin d'elle, et le lui démontrer. Elle entreprit, avant tout et pour la première fois depuis de nombreux mois, de s'excuser. Elle décela chez son ami une once d'apaisement, une fois qu'elle se fût exécutée. Aussi continua-t-elle :
« Alors, mon ami, quelles étaient donc ces questions que vous aviez à me poser ? »
« Altea seit Ethel. Ton nom ne sera jamais oublié... » - Kami Raykovith
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Re: Le feu et la flamme, brasier des jardins
Kami invita Nikki à le suivre d’un geste respectueux de ce qui semblait être sa main droite. Elle n’en avait plus l’allure, ce qui amenait souvent les tierces personnes à éprouver de la pitié envers le Kaméen, chose que l’homme ne supportait pas. Kami remarqua le regard de sa partenaire et préféra s’en aller plus loin pour ne pas avoir à s’expliquer sur ce sujet. Il marchait lentement. Dès que Nikki l’eut rejoint, il dit simplement :
Pourquoi m’avez-vous suggéré ce rapprochement ?
Même si j’ai une certaine estime pour vous, je sais que cette proposition cache quelque chose et je veux savoir de quoi il s’agit. Il n’était pas dans vos habitudes d’offrir vos services gratuitement.
Il s’arrêta et planta ses yeux rougeoyants dans ceux de sa partenaire.
Qu’attendez-vous de moi ?
Il dévisagea longuement Nikki. Il se retourna, cueillit une fleur aux couleurs attrayantes –bien que cela soit prohibé, mais Kami ne se souciait pas de ce genre de règles- et huma les senteurs qui s’en dégageait. L’homme, se confrontant à une absence de réponse, soupira puis continua :
Vous vous interrogiez sur mes idéaux ; je pense qu’il est temps de vous apporter une réponse.
Vous savez, je ne suis plus vraiment le même.
A l’époque, je croyais en cette égalité que beaucoup promettaient. Il faut avouer que sur le papier, l’idée de jouer au héros était pour le moins intéressante. Cela permettait entre autre aux jeunes nations d’obtenir de la reconnaissance. La reconnaissance est importante quand on cherche à acquérir le respect d’autrui.
Malheureusement, cela ne pouvait fonctionner que dans nos rêves les plus fous. Il faut se rendre à l’évidence : l’équité, la paix et toutes ces belles valeurs qui furent nôtres n’étaient, au final, qu’un moyen parmi tant d’autres de fermer les yeux sur les maux qui frappaient les cinq, quelque chose nous permettant d’espérer à des jours meilleurs lorsque l’on touchait le fond.
En réalité, la clé réside dans le combat. Venant de quelqu’un qui a passé son existence à semer la mort, cela peut paraître cocasse, mais je crois que cette idée présente au moins autant d’intérêts que les précédentes. Bien sûr, il y a une finalité à tout cela. Le fait de battre juste pour verser le sang de ses pairs n’apporte rien. Non, il faut voir au-delà. A chaque fois qu’une guerre éclate, les Etats sont dans la nécessité de faire des recherches toujours plus poussées. Même si le but premier est l’armement, ces avancées serviront à terme au développement des peuples. Ne dit-on pas que « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » ?
Kami lança la fleur et s’enfonça un peu plus dans les jardins de la corporation.
Pourquoi m’avez-vous suggéré ce rapprochement ?
Même si j’ai une certaine estime pour vous, je sais que cette proposition cache quelque chose et je veux savoir de quoi il s’agit. Il n’était pas dans vos habitudes d’offrir vos services gratuitement.
Il s’arrêta et planta ses yeux rougeoyants dans ceux de sa partenaire.
Qu’attendez-vous de moi ?
Il dévisagea longuement Nikki. Il se retourna, cueillit une fleur aux couleurs attrayantes –bien que cela soit prohibé, mais Kami ne se souciait pas de ce genre de règles- et huma les senteurs qui s’en dégageait. L’homme, se confrontant à une absence de réponse, soupira puis continua :
Vous vous interrogiez sur mes idéaux ; je pense qu’il est temps de vous apporter une réponse.
Vous savez, je ne suis plus vraiment le même.
A l’époque, je croyais en cette égalité que beaucoup promettaient. Il faut avouer que sur le papier, l’idée de jouer au héros était pour le moins intéressante. Cela permettait entre autre aux jeunes nations d’obtenir de la reconnaissance. La reconnaissance est importante quand on cherche à acquérir le respect d’autrui.
Malheureusement, cela ne pouvait fonctionner que dans nos rêves les plus fous. Il faut se rendre à l’évidence : l’équité, la paix et toutes ces belles valeurs qui furent nôtres n’étaient, au final, qu’un moyen parmi tant d’autres de fermer les yeux sur les maux qui frappaient les cinq, quelque chose nous permettant d’espérer à des jours meilleurs lorsque l’on touchait le fond.
En réalité, la clé réside dans le combat. Venant de quelqu’un qui a passé son existence à semer la mort, cela peut paraître cocasse, mais je crois que cette idée présente au moins autant d’intérêts que les précédentes. Bien sûr, il y a une finalité à tout cela. Le fait de battre juste pour verser le sang de ses pairs n’apporte rien. Non, il faut voir au-delà. A chaque fois qu’une guerre éclate, les Etats sont dans la nécessité de faire des recherches toujours plus poussées. Même si le but premier est l’armement, ces avancées serviront à terme au développement des peuples. Ne dit-on pas que « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » ?
Kami lança la fleur et s’enfonça un peu plus dans les jardins de la corporation.
Amiral Andrew K. R. Leister, dit le Feu, à votre service.
Un homme éclairé a écrit :Sergent dieu n'aime pas être contredit !![]()