Pour que le plan réussisse, il fallait la puissance d’une armée deserticaine, des officiers rompus à l’art de la guerre qu’ils apprenaient au berceau, bercés par les récits sanglants de leurs nourrices. Desertica et sa chaleur oppressante, sa lumière à la fulgurance douloureuse.
Il n’y avait là qu’un désert de sable et en elle comme un lancinant regret, des images de plages, de forêt, d’eau ruisselante. Les tempêtes ici étaient sèches, soulevant des tourbillons de sables qui piquaient les yeux, et aiguillonnaient le cœur de flèches d’acier.
N’importe, elle avait sacrifié son repos, elle sacrifierait son confort.
Il lui fallut un temps pour s’adapter, un temps pour réfléchir. Mais la magie affaiblie par le sable brulant s’était concentrée en elle durant sa mort. Un village amer lui servit de quartier général.
Les demeures en sable gris étaient sommaires, abritant des habitants esclaves des mines d’un état voisin. Résignés et vaincus, ces êtres éprouvaient des fantômes de vie. Les mines pour seul horizon seul avenir seul désespoir
Les transports venaient les chercher le matin, hommes, femmes et enfants pour les cracher à l’entrée d’un gouffre qui les avalait pour les 15 heures suivantes.
Dans le sillon de leurs rides s’inscrivait la crasse de leur vie, l’acier de la mine les couvrait de scintillance métallique, pauvres créatures.
Des haillons, quelque nourriture leur étaient fournis comme on en jette à des chiens.
Eux montraient depuis toujours et pour longtemps cette renonciation qu’ils suçaient avec le lait de leur mère. Opprimés par naissance. De temps en temps l’un naissait qui manifestait quelque appétit pour un ailleurs dont il ignorait tout mais qu’il dessinait par contraste. Celui-là était bien vite happé par l’enfer du quotidien : La mine à partir de six ans vous use les plus beaux rêves, et les plus belles étoiles palissent et meurent à se heurter aux plafonds bas des souterrains. Aucune folie dans une survie où chaque jour venait ajouter son morne avilissement.
Anonyme
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Re: Anonyme
Ecoute le chant des ombres, crains la révolte qui gronde. Nul ne le sait, la graine s'est infiltrée dans le cœur des esclaves, pour en faire des hommes qui regarderont la lumière. Le balancier de son lent mouvement de métronome accorde les sentiments. Eux-même l'ignorent encore, la calvaire se termine.
Dans les maisons de sable, l'obscurité les révélait; à la lumière aveuglante, le chant des esclaves montait en volutes de haine. La résignation en oubli, le germe croissait dans les cerveaux hébétés de raisonner enfin.
Un jour il y eut La Brumeuse. Etait elle là avant la graine ? Eux n'avaient de mémoire que celle de leur éveil. Elle était née avec leur conscience, elle était comme eux maigre décharnée sous la carapace de fer que leur faisait la mine. Le village déjà frémissait de l'indicible espoir que nul d'entre eux n'aurait effleuré de crainte que l'ombre d'une pensée n'en ternisse l'envol. Il y eut ce dernier jour:
Tout avait commencé dans la froide clarté de l'aube sans que nul ne s'étonne d'un subtil changement: ce jour-là ils regardaient vers le ciel, ils se pénétraient de la lumière, et s'étonnaient de se sentir vibrer des froides résolutions dont les chimériques illusions avaient bercé leurs nuits. La brumeuse était avec eux quand au lieu d'être happés par le transport ils s'y précipitèrent.
La longue journée des esclaves allait commencer.
Hâve et noirs ils prirent leur tour à la cage qui descendait dans les froides profondeurs de Desertica pour en extraire, à la force de leur vie, le fer qui enrichirait leurs maitres. Ils étaient une centaine, mais n'avaient de leur force pris l'empreinte. Il y eut cette petite fille une blondine crasseuse et zezayante, tout juste l'âge de la mine, avec sa naiveté entière qui ne s'était encore effritée aux plafonds bas et ternes.
- Maman, on est obligés de se cacher du soleil ? Maman, on est obligés de se casser les reins au calvaire quotidien ?
Auraient ils eu un peu de recul, auraient eu une parcelle de plus de réflexion qu'ils se seraient étonnés d'une telle question de la part d'un être aussi jeune. Mais non chez eux l'entendement était en croissance, alors ils prirent la question. Dans son coin la brumeuse se taisait. Et la question développa ses ramifications. Qui les avait obligés? De quelle puissance subissaient ils encore le joug, pour que sans contrainte ils fissent chaque jour ces gestes qui les enchainaient à leur amer destin. Car de maître il n'y en avait nulle part, depuis longtemps tout était devenu automatique, le transport, la descente dans les cages, les lampes et les outils qu'ils prenaient aux râteliers de distribution.
Alors ils se regardèrent étonnés de se trouver en vie. Puis sans se concerter, sans une parole, remontèrent à la surface. La révolte des ombres venait juste de commencer. Ne soyez pas inquiets, leurs maîtres sont là tout près mais dans leur bienheureuse quiétude ne se doutent encore de rien.
Après le sang coulera pour des esclaves dissoudre le carcan d'acier et qu'enfin leur peau connaisse la brûlure du soleil.
Dans les maisons de sable, l'obscurité les révélait; à la lumière aveuglante, le chant des esclaves montait en volutes de haine. La résignation en oubli, le germe croissait dans les cerveaux hébétés de raisonner enfin.
Un jour il y eut La Brumeuse. Etait elle là avant la graine ? Eux n'avaient de mémoire que celle de leur éveil. Elle était née avec leur conscience, elle était comme eux maigre décharnée sous la carapace de fer que leur faisait la mine. Le village déjà frémissait de l'indicible espoir que nul d'entre eux n'aurait effleuré de crainte que l'ombre d'une pensée n'en ternisse l'envol. Il y eut ce dernier jour:
Tout avait commencé dans la froide clarté de l'aube sans que nul ne s'étonne d'un subtil changement: ce jour-là ils regardaient vers le ciel, ils se pénétraient de la lumière, et s'étonnaient de se sentir vibrer des froides résolutions dont les chimériques illusions avaient bercé leurs nuits. La brumeuse était avec eux quand au lieu d'être happés par le transport ils s'y précipitèrent.
La longue journée des esclaves allait commencer.
Hâve et noirs ils prirent leur tour à la cage qui descendait dans les froides profondeurs de Desertica pour en extraire, à la force de leur vie, le fer qui enrichirait leurs maitres. Ils étaient une centaine, mais n'avaient de leur force pris l'empreinte. Il y eut cette petite fille une blondine crasseuse et zezayante, tout juste l'âge de la mine, avec sa naiveté entière qui ne s'était encore effritée aux plafonds bas et ternes.
- Maman, on est obligés de se cacher du soleil ? Maman, on est obligés de se casser les reins au calvaire quotidien ?
Auraient ils eu un peu de recul, auraient eu une parcelle de plus de réflexion qu'ils se seraient étonnés d'une telle question de la part d'un être aussi jeune. Mais non chez eux l'entendement était en croissance, alors ils prirent la question. Dans son coin la brumeuse se taisait. Et la question développa ses ramifications. Qui les avait obligés? De quelle puissance subissaient ils encore le joug, pour que sans contrainte ils fissent chaque jour ces gestes qui les enchainaient à leur amer destin. Car de maître il n'y en avait nulle part, depuis longtemps tout était devenu automatique, le transport, la descente dans les cages, les lampes et les outils qu'ils prenaient aux râteliers de distribution.
Alors ils se regardèrent étonnés de se trouver en vie. Puis sans se concerter, sans une parole, remontèrent à la surface. La révolte des ombres venait juste de commencer. Ne soyez pas inquiets, leurs maîtres sont là tout près mais dans leur bienheureuse quiétude ne se doutent encore de rien.
Après le sang coulera pour des esclaves dissoudre le carcan d'acier et qu'enfin leur peau connaisse la brûlure du soleil.
Boostée par Dark-Angel et Spatouille. Comme promis ma flotte arbore leurs drapeaux.